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 do you have no soul? (frances)

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MessageSujet: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 22 Nov - 11:53


La journée s’achevait pour le résident Arryns. Elle n’avait pas été de tout repos. Parfois, il se demandait pourquoi tant d’enfants rentraient dans leur service. Quand on observait ces regards innocents on pouvait se demander pourquoi ils avaient à subir tant de souffrances. Pauvres gosses. James essayait tant bien que mal de les rassurer, de toujours rire avec eux, même si évidemment, parfois il se devait aussi d’annoncer des mauvaises nouvelles aux parents, et il détestait le faire. Il se demandait comment Frances pouvait se comporter avec un détachement tel qu’il ne lui semblait pas humain. La jeune femme était aussi froide que la glace, elle se rapprochait même du zéro absolu. Ils étaient tellement différents qu’il se disait qu’elle avait dû vivre une certaine tragédie pour réagir de la sorte. Sauf que lui avait un passé dramatique et qu’il n’avait pas véritablement changé de comportement. Alors elle était peut-être juste comme ça depuis toujours. Au fond, ça n’avait pas d’importance, on est comme on nait, mais dans le cas de James, c’était problématique car la titulaire en poste était rarement d’accord avec le résident. Probablement parce que James faisait passer le côté affectif avant tout. Selon lui, on ne pouvait pas traiter un enfant comme n’importe quel autre patient. Il fallait être plus à l’écoute, plus présent pour eux, ne pas hésiter à leur accorder de l’attention car ils n’en avaient pas toujours. Pour certains, leurs parents ne pouvaient tout simplement pas venir souvent, et c’était assez difficile à supporter pour ces petits êtres qui souhaitent juste avoir une vie normale. Il y avait le cas épineux du petit Jesse aujourd’hui qui avait divisé le résident et sa supérieure : Jesse était condamné, il n’y avait rien qu’ils puissent faire, et Frances avait demandé à James d’appeler les parents pour leur dire qu’aucun traitement ne fonctionnait et qu’elle ne l’opèrerait pas de nouveau. James avait refusé. Il considérait qu’il y avait autre chose à faire. Après tout, l’espoir fait vivre. Il souhaitait avant tout prendre soin de l’enfant, ne pas le condamner si vite. Qu’est-ce qu’ils risquaient à essayer une fois de plus de le sauver ? C’était un sujet sensible chez lui car cela lui rappelait inévitablement Kieran. La perte de son enfant, même s’il n’était pas désiré et qu’il n’avait en aucun cas aimé sa mère, revenait inlassablement dans sa  tête. A chaque fois qu’un petit avait besoin d’une opération supplémentaire, il revoyait ce petit être de quelques semaines qui à San José avait péri parce qu’on n’avait pas jugé bon de le sauver, qu’il était…condamné. Ca l’agaçait. Il rangea sa blouse de travail dans son casier et réajusta ses vêtements avant de sortir et quitter le deuxième étage, non sans passer devant la maternité pour s’assurer que tout allait bien. Il avait déjà effectué une ronde trente minutes auparavant, mais il ne pouvait s’empêcher de toujours vérifier, parce que chaque perte était vécue comme un échec cuisant, et il avait toujours beaucoup de mal à s’en remettre. Il avait envie de saluer à nouveau chaque enfant, mais il ne le fit pas, n’étant plus en condition de travail, il risquait de contaminer les plus faibles. Avant de partir il salua le personnel encore présent, et sortit du bâtiment. C’est là qu’il aperçut sa supérieure, Frances qui comme lui, rentrait chez elle. Ils habitaient le même coin. Il l’interpela alors, pour essayer de la convaincre au sujet du petit Jesse. « Frances ! » En dehors du bâtiment, il n’allait pas l’appeler Docteur Austeen. Il la rejoignit en hâtant le pas, et une fois à sa hauteur, il rentra dans le vif du sujet : « On peut pas abandonner comme ça pour le petit Jesse. Il peut encore s’en sortir ! » Il savait qu’elle allait le clouer sur place, mais il était convaincu d’avoir raison sur ce coup, et si la discussion allait être houleuse, il n’allait pas se laisser faire. La titulaire le savait bien, il était du genre à dire tout ce qu’il pensait et s’il ne le faisait pas en public par simple respect, il refusait de se taire. Il admirait sa supérieure, parce qu’elle représentait l’archétype de l’excellent chirurgien, détaché de toute situation, capable de prendre des décisions difficiles, mais il n’était pas comme elle. Si son ainée avait une expérience supérieure, lui avait un instinct qui lui suggérait de ne pas baisser les bras. Ils avaient fini le travail et pourtant, il était si présent dans leurs vies, qu’au lieu de rentrer chez eux, ils allaient encore s’écharper à ce propos.
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 22 Nov - 13:38


Qu’il est doux ce son, celui d’une porte de casier qui se ferme, du cliquetis significatif d’un cadenas qu’on verrouille. Ses doigts chatouillent un peu le métal, un ongle trop court qui la blesse et qu’elle refroidit contre l’objet avant de tourner les talons, un sourire significatif aux lèvres; sa journée se termine enfin et elle est bien contente d’y mettre un point final. Qu’on ne se méprenne pas, Frances aime son travail, elle a pris sur elle de s’habituer au domaine qu’elle pratique désormais en temps que titulaire, quand bien même ce n’était pas son premier choix, mais quitter l’hôpital après une longue garde a toujours cette saveur délicieuse d’une promesse de repos bien mérité. Elle peut enfin s’offrir l’occasion de rêver à un bon verre de rosé, à son canapé moelleux et un bon programme télé qui ne l’obligera pas à réfléchir plus que nécessaire et les tentatives successives d’internes désespérés, qu’elle croise sur le chemin du départ, n’arrivent même pas à entacher ce sentiment d’allégresse. Parce que tout le monde le sait maintenant; quand Frances Austeen ferme son casier et quitte les vestiaires en tenue de civil, ce n’est plus la peine d’essayer de lui poser des questions sur un cas ou de piquer sa curiosité avec un dossier. Quand elle pose la blouse, elle n’est plus un chirurgien, mais juste une femme comme les autres qui, après une journée longue et laborieuse, ne souhaite que retrouver le calme d’un appartement mal rangé qui sent bon la bougie parfumée et le poil de chat humide. De toute manière, à ses yeux, il n’y a pas meilleur odeur que celle qui n’a rien à voir avec le désinfectant, surtout quand cette puanteur vous colle à la peau. C’est d’ailleurs la seule chose qui s’accroche quand elle passe les portes, parce que pour le reste, Frances n’y accorde plus d’importance, ou alors c’est ce qu’elle tente de faire croire, un sourire plaquée sur ses lèvres, ses doigts qui bataillent pour déchirer l’enveloppe d’une sucette goût pomme, piquée dans le saladier du comptoir des infirmiers du service pédiatrique. Chacun son petit plaisir coupable.
Elle retire enfin ses oeillères quand ses pieds se posent sur le bitume, que son regard parcourt le parking à la recherche de son véhicule et qu’une odeur, mélangeant herbe mouillée et essence, vient lui caresser les sens olfactif. Sa main gauche vient replacer la lanière de son sac sur son épaule, des dossiers qui s’entassent dans le fond, perdus entre des paquets de mouchoirs, de la lotion désinfectante et une boîte de coton tige qui traine là d’une dernière course, qu’elle n’a pas eu temps de ranger dans la sa salle de bain. Ça parait cocasse, qu’un chirurgien aussi soigneux au travail soit, en réalité, aussi bordélique dans sa vie privée. Pour ce que ça lui fait, elle enfourne à nouveau sa sucette et se laisse guider par l’humeur légère, ou du moins un peu moins noire, qui lui affaisse un peu les épaules, jusqu’à ce que sa colonne vertébrale ne se raidisse et que sa tête, un peu ballante, ne se redresse sur son cou à la jugulaire exaltée. Ce n’est pas tant l’interpellation qui l’agace, c’est le timbre de voix qui l’émet. Soupir aux lèvres et roulement des yeux, un regard vers le ciel qu’elle menace d’une revanche, l’intéressée finit par tourner les talons pour faire face au jeune homme, les yeux qui balaient le visage trop poupin qui lui fait face. Elle le trouvait simplement niais au départ, avec ces traits encore profondément ancré dans l’enfance, alors qu’il n’est qu’à peine plus jeune qu’elle et ce regard fébrile qui cherche la compassion et transpire la tendresse, surtout avec les patients. Des idées diamétralement opposées et des convictions qui se heurtent. Ce type est la personnification même de ses maux de têtes répétitifs et elle serre un peu les dents sur le bâton de sa sucette, une main enfoncée sur sa hanche, alors qu’elle attend la suite, même si elle se doute déjà de ce qu’il va lui lancer. Cet homme n’abandonne jamais. « Attendez.. Regardez moi bien, deux secondes.. Et de sa main, qu’elle pose sur le col de la chemise qu’elle a remis sur son dos avec hâte, Frances lui signifie clairement qu’elle n’est pas en blouse. J’ai l’air d’avoir la tête à bosser ? » Elle retire son bonbon de sa bouche, le dévisage un peu froidement et hausse les épaules. « Avec un optimisme pareil, ce n’est pas la médecine que vous auriez du prendre, mais bien la direction de DisneyWorld. On fait tout ce qu’on peut, parfois plus, certes, mais on ne fait pas miracles. » Elle souffle un coup et balaie la main dans le vide, comme pour chasser une mouche qui l’ennuie, prête, déjà, à tourner les talons. « L’acharnement ne mènera nulle part, Arryns. » Elle aussi y a pensé, quelques secondes, à ce gamin, à ses rêves qu’il ne réalisera pas.. Elle aussi, elle a bien voulu croire à une possible solution, mais Frances est trop raisonnable, ou pas assez suicidaire pour s’acharner sur un cas qui lui paraît condamné. On peut penser que c’est de la facilité, mais pour elle, c’est juste de la logique.



Dernière édition par Frances Austeen le Jeu 26 Nov - 22:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 22 Nov - 14:47

Il ne sait véritablement quel ton adopter avec sa supérieure. Elle est si distante que l’appeler par son prénom revient presque à commettre un péché. Mais si le second de la fratrie Arryns a toujours été exemplaire, il se fout bien des hiérarchies. On lui avait souvent répété que ça lui causerait du tort, mais pour lui, personne n’était à mettre sur un piédestal, aussi bon soit le chirurgien. Le chirurgien ne connaitrait aucune réussite sans les infirmiers ou autre personnel de l’hôpital. Un bloc opératoire ne peut être parfaitement stérilisé sans un bon personnel d’entretien. Mais la piquante Frances Austeen n’était probablement pas du même avis. Il n’y avait qu’à voir sa réaction à l’interpellation. Elle était aussi droite qu’une demoiselle portant un corset du temps de Louis XIV. Ca ne le freine pas pour autant, mais il sent le regard dédaigneux s’emparer de toute sa silhouette. Elle ne l’apprécie pas, et il n’a rien fait pour l’y aider à essayer de jouer un rôle pour s’attirer ses faveurs ou en étant lui-même et lui cassant les pieds. Mais il considère que c’est comme cela qu’on devient meilleur, en se confrontant aux autres, surtout ceux qui ne partagent pas vos idées. Pourtant, quand elle se retourne, c’est le bâton blanc d’une sucette qui lui fait face, et cela offre à la chirurgienne un côté plus chaleureux en l’espace de quelques secondes avant qu’elle ne daigne lui rétorquer sèchement qu’elle n’est plus au travail, ce à quoi répond immédiatement le résident avec effronterie : « Oh je vois, vous êtes du genre à ne pas vous soucier de leur sort si ce n’est pas dans vos heures de travail. Donc je peux prendre les décisions moi-même quand vous n’êtes pas là. C’est bon à savoir. » Mais elle le pique au vif en se moquant ouvertement de lui et il fronce les sourcils, n’acceptant pas cette comparaison affreuse qui remet en question son professionnalisme alors qu’il pense être un bon chirurgien. Pour autant, il reste calme, encaisse sans rechigner et cherche dans sa sacoche un dossier en particulier, tentant de se justifier. « J’ai des raisons de l’être. Il nous faut un donneur provenant de la famille pour que ça marche. Le père n’est pas biologique puisqu’il n’est pas compatible. Il faut que l’on interroge la mère et qu’elle nous donne l’identité du père biologique. Il peut s’en sortir. » Il insistait, parce que si le dossier était épineux au regard de la situation des parents du petit garçon, il n’était pas sans solution. Tout ça parce que la mère avait eu l’enfant d’une autre relation et ne l’avait jamais dit à son mari. Elle pouvait lui reprocher son acharnement, mais il ne baisserait pas les bras pour autant. « Comme votre dédain coutera la vie de patients qui pouvaient pourtant y croire. » Cependant, James savait qu’il ne pourrait pas interroger la mère de Jesse sur un sujet épineux, parce qu’il était un homme et qu’une femme se confie plus facilement à une autre. Il fallait donc convaincre la chirurgienne de revoir son jugement sur la situation. Il refusait de laisser Jesse être arraché à la vie sans avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour le secourir. Il espérait qu’en la confrontant une fois de plus, il aurait gain de cause. L’air s’était rafraichi, la nuit était belle, et ils allaient probablement rester là un moment, car tant qu’il n’aurait pas eu son aval, il ne la lâcherait pas. S’il fallait qu’il aille jusqu’à chez elle pour lui faire entendre raison, il le ferait. Il soupira bruyamment, tentant d’apaiser la tension naissante. « Je ne vous demande pas grand-chose, juste de lui donner une dernière chance. » Ca lui tenait à cœur, c’était palpable dans le ton qu’il employait et même jusque dans son regard. Son passé influait bien trop sur ses décisions, mais qui n’aurait pas fait la même chose ? Quand on sait ce par quoi James Arryns est passé, on peut comprendre ses choix. Si Austeen venait à être au courant, elle réitèrerait probablement ses propos en disant qu’il n’avait pas sa place en pédiatrie à cause des raisons qui l’avaient poussé à embrasser ce choix de carrière. Au départ, il avait été tenté par la neurologie, brillant comme il l’était, mais les aléas de la vie en ont décidé autrement. Rentrer chez lui en étant tracassé par la situation de cet enfant n’était pas envisageable. Selon la réponse du chirurgien, ce soir, il irait probablement trouver la compagnie d’un membre de sa famille histoire de se changer les idées, lui qui se confiait rarement. Posant un regard on ne peut plus sérieux sur le visage de la chirurgienne, s’essayant à une lecture profonde de ce que retransmettent ses iris, mais rien ne lui vient. Parce que Frances Austeen est comme une énigme indéchiffrable.

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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 22 Nov - 16:11


Elle n’apprécie pas le ton qu’il emploie pour s’adresser à elle, pas parce qu’elle est sa supérieure et qu’elle considère qu’il lui doit un respect sans faille, en plus d’une vénération sans limite, mais parce qu’elle se sent agressée au plus profond de ses fibres. Frances n’est certes pas la femme la plus démonstrative ou compatissante, mais remettre en question son intégrité et sa dévotion pour son métier, c’est aller trop loin. « Dis donc, Bambi a mangé du lion aujourd’hui ?! Le ton est froid et, pour une fois, la titulaire ne cache pas son manque de patience, encore moins le fait que le résident l’ait piqué au vif. En ça, sans doute que James peut se féliciter; il a réussi à lui arracher une grimace clairement explicite. Ma manière de procéder vous dérange ? Vous n’avez qu’à aller voir ma collègue, elle sera sans doute plus facile à amadouer pour mener à bien vos petites expériences! » La vérité c’est que l’idée qu’on puisse s’imaginer qu’elle ne fait ce métier, que pour l’argent qui entre ensuite sur son compte, la vexe fortement. C’est plutôt l’opposé et les quelques dossiers, des copies des originaux pour la plupart, qu’elle entasse dans son sac en partant de l’hôpital, ne sont qu’autant de preuves que son intérêt pour la médecine ne se limite pas aux murs du Memphis Wave. Cela dit, comme Frances a tendance à se croire un peu au-dessus de tout, à tort et elle le sait, la jeune femme considère n’avoir aucun explication, ou justification, à donner. Encore moins à un emmerdeur de la trempe de ce Arryns. Le goût délicieux de sa sucette étant remplacée par l’amertume que le résident déclenche automatiquement chez elle, la grande blonde récupère le papier d’emballage au fond d’une poche et remballe sa sucrerie, déçue de ne plus y trouver aucun plaisir. Et pendant qu’il fouille sa sacoche, le nez baissé sur son précieux comme s’il s’apprêtait à lui sortir le graal, visiblement certain de l’importance de sa trouvaille, Frances cherche un moyen de se défiler. Elle amorce même un pas en arrière, dans l’optique de lui tourner le dos pour s’enfuir à son véhicule, avant de sentir une réelle bouffée de colère l’emporter.. Ou de ne pas pouvoir se contrôler suffisamment pour tenter de lui rouler dessus. Qu’il l’importune au travail ne la gêne pas plus que ça, c’est son métier et c’est en ça qu’il lui arrive parfois d’admettre, à demi-mots cependant, qu’il est un très bon chirurgien.. Mais que James vienne ruiner son rituel de fin de service, pour lui offrir une prolongation de ses migraines journalières, là, elle n’est pas sûre de pouvoir faire preuve d’autant de diplomatie qu’à l’accoutumée. Pourtant. Et pourtant. Elle se stoppe. « Comment ça.. » Le chirurgien reprend le contrôle et les pas qui l’éloignaient de lui, la rapprochent de nouveau, sa main qui lui arrache le dossier qu’il tient presque fièrement. S’il y a bien une chose que Frances déteste encore plus que les escargots à l’ail, l’insubordination et James Arryns, c’est le mensonge dont ses patients, ou leur famille en l’occurrence, se parent dans l’espoir fébrile que ce qu’ils cachent n’est d’aucune utilité pour les médecins. « Les résultats sont arrivés quand ? Pourquoi je n’en suis informée que maintenant ? » Et cette fois si le ton est cassant, presque bouillant de colère, ce n’est pas envers James précisément, mais comme c’est lui qui lui fait face, c’est lui qui trinque pour les autres. Surtout qu’il se lance dans la surenchère à la pique mauvaise et le regard de Frances en dit long. « Ne confondez pas le dédain avec la volonté de ne pas donner de faux espoirs à des patients qui, bien souvent, ne se raccrochent qu’à ça. Les sourcils froncés, elle se félicite d’être douée d’un certain sang-froid, auquel cas, il y a bien longtemps que sa main aurait laissé une belle trace rouge sur le minois innocent de son résident. Vous êtes au courant que vous êtes le médecin de cet enfant, pas son père ? » Cet acharnement dont il fait preuve à le don certain de la mettre hors d’elle, mais il serait injuste de dire que depuis qu’elle se heurte à cette manière de penser et d’agir, son travail n’en est qu’amélioré. « Ce n’est pas mon rôle de donner une dernière chance à quelqu’un, enfant ou non. C’est votre plus gros problème, Arryns, vous agissez par sentiment, par affect et non par le mental. » Néanmoins, elle ne lâche pas le dossier, qu’elle épluche déjà, encore, dont elle connaît les lignes; parce qu’apprendre par coeur des mots sur une feuille est toujours plus simple pour elle que d’apprendre à connaître ses patients. Son épaule droite remue, le poids de son sac qui commence à lui scier la chair, mais elle reste droite, imperturbable, alors que ses yeux sillonnent des résultats. Elle a horreur qu’on lui mente, c’est sans doute pour ça qu’elle prend autant de recul avec les patients et ne s’intéresse qu’aux faits que la science peut lui apporter; les faits et les résultats d’examens ne mentent pas, les gens si.


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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 22 Nov - 23:08

Il sait qu’il dépasse les bornes et qu’il devrait s’abstenir d’aller trop loin, mais James n’a jamais fait dans la demi-mesure, il est plutôt direct et si quelque chose le tracasse, il n’hésitera pas à le dire. Tandis qu’elle se moque gentiment de lui, il ironise du tac au tac, en jouant à l’enfant de par sa mimique: « Très drôle Barbie ! » Elle a parfois l’air d’une Barbie, elle qui garde toujours la même expression froide et figée, bien que la poupée elle, reste bloquée sur le sourire. Il lève les yeux au ciel, ils ont l’air de deux enfants sur ce parking à se disputer de la sorte, mais pour autant, il ne stoppera pas là leur discussion houleuse. Elle lui suggère de se référer à l’autre titulaire, qui n’est autre que June Delacroix. Il l’aurait effectivement fait si l’autre titulaire n’avait pas des griefs à son encontre, sans qu’il ne sache pourquoi. Une nouvelle fois, il se veut sarcastique, refusant de s’avouer vaincu aussi vite. « Non, je ne peux pas, parce que le docteur Delacroix semble ne pas me porter dans son cœur, donc puisque vous semblez me répondre un tant soit peu, je préfère m’entretenir avec vous. » Ce n’est que la simple vérité au fond. Il se promet de mettre les choses au clair avec l’autre titulaire un jour, mais pour l’instant, le cas de Jesse est bien plus intéressant pour lui. D’ailleurs, il apprécie beaucoup travailler avec Frances. Elle possède une façon de voir chaque cas si précise, si mécanique, qu’il se bonifie de jour en jour à ses côtés, mais si les chirurgiens veulent bien exécuter leur travail, ils se doivent de communiquer, aussi, s’il regrette de devoir l’importuner en permanence, James insiste parce qu’il sait que ces discussions leur sont bénéfiques à tous les deux, même s’ils ne peuvent s’empêcher de s’invectiver. Il hausse les épaules, elle semble le prendre en grippe, et il n’en a cure parce qu’il ne fait rien de mal à part rendre les choses parfaites. Son perfectionnisme est maladif et peut étouffer, mais dans ce métier, il n’y a pas de place pour l’approximation. « Je veux juste faire mon travail, je ne vois pas pourquoi vous me le reprochez. » Mais alors qu’il plonge le nez dans sa sacoche aussi bordélique que son salon, c’est dire l’état dans lequel elle se trouve, il ne voit pas la chirurgienne lui tourner le dos, bien trop happé par l’importance de ce dossier, qu’il est persuadé d’avoir récupéré. Il finit par mettre la main dessus, heureux de sa trouvaille et fait la moue quand il constate qu’elle s’est éloignée, mais qu’elle s’est aussi stoppée dans son élan. Pourquoi n’est-elle pas au courant ? Pas besoin d’éclater soudainement, elle n’avait qu’à se montrer plus à l’écoute au lieu de croire qu’elle sait tout mieux que tout le monde. Il se défend comme il le peut en haussant le ton lui aussi. « Parce que vous ne m’avez pas laissé en placer une ce matin ! J’ai essayé de vous le dire mais vous m’avez congédié en me priant de m’en tenir à vos recommandations. » Lui a fait sa part du boulot, il s’est aperçu de cette anomalie, et il tente maintenant de sauver cet enfant. Mine de rien, il sait qu’elle n’en a pas après lui, mais il n’aime pas le regard qu’elle lui lance, ni même les allusions auxquelles elle fait référence. Il ne considère pas avoir été fautif. En fait, il a l’intime conviction qu’elle n’a juste pas confiance en lui. « Ai-je souvent donné de faux espoirs aux patients pour que chacune de mes actions soit vue comme telle ? » Il sait bien que les faux-espoirs sont légion dans un hôpital et qu’il vaut mieux être prudent, mais selon lui, il n’y a pas lieu de l’être ici, car le temps leur est compté et que plus vite ils trouvent un donneur, plus vite Jesse sera sur pied. Parfois, il aimerait juste que la titulaire cesse d’instaurer une hiérarchie immuable entre eux, qu’elle le considère plus comme son pareil pour qu’ils puissent travailler plus facilement, mais c’est peine perdue. Frances Austeen est un mur infranchissable contre lequel on se trouve sans solution. Il soupire, las de devoir répondre à de pareilles piques qui n’ont ni queue ni tête. « Je suis au courant. Mon devoir c’est de lui sauver la vie, ce que je compte faire. » Il ne lui lance pas d’autre pique, car sans le savoir, la titulaire a touché un point sensible. Il ne lui laissa pour autant pas le plaisir de voir qu’elle l’avait touché. Cette phrase était l’exacte opposée de celle que les médecins de San José lui avaient prononcée : ‘vous n’êtes que son père, laissez faire les médecins.’ Au final, il n’aurait pas dû les laisser faire, et il se battrait davantage pour Jesse. Une fois de plus, elle le mettait face à son plus gros point faible, qu’il ne pourrait de toute façon pas corriger. Il tente de se justifier, mais la justification est trop maigre pour qu’elle le croie. « Je ne vois pas en quoi c’est un problème. Je crois que cela fait aussi partie de notre travail d’être là pour les enfants. » Toujours est-il qu’elle épluche maintenant le dossier et ça, c’est une petite victoire. Souriant, il la questionne soudainement : « Alors docteur, on change d’avis ? »

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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyLun 23 Nov - 12:59


Ne pas relever la pique, ne pas relancer la joute, parce qu’à ce stade-là il n’y a même plus d’argumentations, seulement de l’acharnement à se faire mutuellement sortir de ses gonds. Se montrer adulte, autant qu’elle peut et surtout, surtout, ne pas surenchérir. Pourtant sa réflexion fait mouche et il faudrait être aveugle pour ne pas voir ses traits blêmir, de la fumée menaçant presque de s’échapper de ses oreilles, parce que la rapprocher d’une poupée plastique, vide, c’est la pire insulte qu’on puisse lui faire. Et si James semble faire le rapprochement en visant son comportement Frances, elle, s’imagine qu’il la traite simplement de tête de pioche superficielle. Encore une fois, c’est l’incompréhension qui trône, mais la chirurgienne fait silence, se mure dans sa colère et fait appel à toute la capacité d’ignorance qu’elle a en ressource; autant dire très peu. Sa langue passe sur ses dents, lèvres pincées pour s’éviter un juron bien senti, le calme qui la reprend un peu quand la douleur à son épaule se fait plus intéressante à ses yeux que les réflexions de son résident, quand bien même elle ne peut retenir un rire, coincé dans un soupir. « Ça m’a l’air d’une habitude, chez vous, de vous mettre à dos vos titulaires. » Et si la réflexion se veut moqueuse, le ton se radoucit un peu, moins mesquin et moins froid, bien qu’elle garde cette raideur physique qui la rend presque statique. Sans doute prend elle un peu conscience que ça ne sert à rien de lutter, parce qu’ils ne sont pas à l’hôpital, qu’il n’a pas besoin qu’elle fasse preuve de fermeté pour l’obliger à dépasser ses limites, ou simplement parce que sa journée est finie et qu’elle est bien assez épuisée comme ça pour continuer sur cette lancée. Mais si sa verve se radoucit, son attitude démontre parfaitement son agacement contrôlé; roulement des yeux, haussement des épaules et trépignement du pied gauche. « Mais c’est pas votre travail que je vous reproche. Elle retient de justesse un sombre idiot, qui menace de s’échapper. Vous êtes un résident, bon sang et pourtant vous continuez de vous comporter comme un interne! Vous serez bientôt titulaire, il est temps que vous preniez des initiatives, que vous vous imposiez. » De ses doigts elle se pince l’arrête du nez, alors qu’il hausse le ton et ce n’est qu’à cet instant que Frances réalise qu’il est imposant et qu’elle se sent étrangement minuscule face à lui. Voilà peut être une autre de ces raisons, sans fondements ou justifications, qui l’oblige à se montrer cassante et, parfois, castratrice avec ce résident là. Elle a peut être un problème avec les gens plus grands qu’elle, sans doute devrait elle songer à consulter. Si elle ne répond pas à sa soudaine colère, dont elle est responsable bien qu’elle n’ira pas s’excuser, le regard de Frances en dit long; un peu de déception y passer, dans un éclair. Il la domine de sa taille, c’est certain, mais il ne s’impose pas réellement. Dommage. « Ce n'est pas pour les patients que je m’inquiète. Vous vous attachez trop, James et arrivera un jour où cela vous bouffera, pensez ce que vous voulez.. Que j’essaie de vous pousser à bout, ou simplement que je vous sous-estime, mais croyez-moi. A prendre trop à coeur chacun des cas que vous voyez, finira par vous bouffer et vous êtes un bon médecin, ça serait dommage de tout perdre parce que vous n’avez pas la force mentale nécessaire pour lutter. Elle ne le regarde pas pendant son monologue, parce que ça serait assumer le fait qu’elle vient clairement d’admettre qu’il est bon dans son domaine et que Frances, dans toute sa splendeur, n’aime pas souligner les qualités des gens. Notre travail c’est de tout faire pour soigner nos patients, ou les accompagner aussi longtemps que possible.. Et d’être là pour les parents, à leur écoute.. Retenant son souffle, Frances finit par lever les yeux vers James pour souffler un peu rapidement un néanmoins, je reconnais mes torts dans cette affaire. » Reconnaître ses erreurs devant des collègues, ça va, mais devant lui en particulier; ça lui fait un peu grincer les dents. « N’allez pas prendre la grosse tête non plus. » Sur ce conseil Frances referme le dossier d’un geste un peu brusque, puis relève le nez pour observer le jeune homme, avant de détourner le regard. « Disons que je garde mes réserves.. Vous avez quand même conscience des multiples possibilités posées par cette découverte.. Autant le père biologique pourrait être compatible, autant cela ne signifie pas qu’il acceptera le don et on ne peut pas le forcer si c’est le cas. » La jeune femme, tout en parlant, s’éloigne un peu de quelques pas avant de s’arrêter. « Vous m’épuisez, j’ai besoin de caféine. Venez. » Le ton las, elle lui signale le café situé un peu plus loin, assez près du parking pour lui faciliter la tâche au moment de rentrer, mais suffisamment éloigner de l’entrée de l’hôpital pour offrir un peu de calme pour mener à bien la réflexion.


Dernière édition par Frances Austeen le Jeu 26 Nov - 22:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyLun 23 Nov - 15:38

James ne cherche pas à s’attirer les foudres de la titulaire. Premièrement parce qu’il sait qu’il n’en obtiendra rien de bon, et deuxièmement parce qu’il ne le fait jamais avec de mauvaises intentions. S’il réagit, c’est parce qu’il s’estime lésé, et dans ce cas, que le patient l’est aussi. Il ne souhaite plus obtenir les faveurs de Frances Austeen comme autrefois, au début de son internat. Aujourd’hui, il souhaite simplement tirer un enfant d’affaire et faire en sorte qu’on le reconnaisse comme compétent. Il a toujours travaillé très dur pour en arriver là, et s’il peine à avoir une relation saine avec ses supérieurs, c’est qu’il n’a pas l’habitude de gérer ce genre de situations. Comme la fratrie Arryns le sait, James n’est pas de ceux qui se confie outre mesure, réservé voire timide certainement. S’il tâtonne c’est aussi parce qu’il ne sait comment se comporter, même avec autant d’expérience, même en étant brillant comme lui. « Il faut croire, » lâche-t-il comme si ça n’avait pas d’importance, dans un haussement d’épaules. Il ne veut pas envenimer la situation car il sait qu’elle finirait par se braquer. Or, il a besoin qu’elle l’écoute. Frances et James sont bien différents, et si le calme et le flegme du trentenaire transparaissent toujours sans osciller, il n’est pas dupe et sait bien qu’il a hérissé le poil de la chirurgienne malgré sa stature et qu’elle est juste trop polie pour ne pas lui signifier autrement que par son attitude. A la surprise de James, la réponse qu’elle lui offre le cloue sur place. C’est donc ça le problème. Selon elle, il n’a pas besoin de toujours s’en référer à elle, il peut très bien prendre les décisions tout seul, sauf qu’il s’expose à la moindre erreur. Et évidemment, James craint l’erreur. Il la voit comme un échec irrémédiable, comme une faute irréparable et il n’a pas envie de la voir venir. Jusqu’à présent, il n’a causé aucun problème, mais il redoute ce jour. Pour autant, il ne souhaite pas montrer ses inquiétudes et se montre plutôt sûr de lui, alors qu’en fait, une nouvelle fois, elle le met face à ses démons sans s’en rendre compte. La chirurgienne le cerne plus facilement que ce qu’il le pensait. « Bien ! J’ai compris le message. Je dois travailler seul. J’osais juste croire qu’il était préférable qu’on soit tous d’accord quant à la santé d’un patient. » Prendre des initiatives ne voulait pas dire ne pas les mesurer et prendre des risques inconsidérés. Il allait donc tenter de prendre en compte son avis et de rectifier le tir. Au fond, elle avait raison, il n’en imposait que par sa carrure. S’il rassurait les enfants grâce à ça puisqu’il s’armait également de son sourire, il ne mettait pas les titulaires en danger par ses décisions ; or c’est un peu ce qu’on lui demandait de faire. S’il a enfin chancelé, agacé d’être le punching-ball de la soirée, poussant une gueulante, il se radoucit immédiatement, comme si la colère chez lui n’était qu’un passage éphémère sans trop grandes conséquences. D’autant plus qu’elle lui avoue ne pas être inquiète pour les patients, mais bien pour lui. Au fond, il s’était trompé sur toute la ligne sur la titulaire qui s’avère être plus humaine que jamais à présent. Son regard se posa immédiatement sur la jeune femme, s’immobilisant sans possibilité de réaction. Si elle savait, peut-être qu’elle lui ordonnerait de quitter le service et de choisir une autre spécialité. Choisir cette spécialité, c’était pour lui une façon de faire son deuil. Il hoche la tête plusieurs fois, et il admet une partie de sa vie sans vouloir aller plus loin dans les détails. « Je n’ai pas d’autre choix que de tenir bon de toute façon. En faculté j’étais plus intéressé par la neurochirurgie. J’ai changé d’avis par la suite. Je trouve noble qu’on puisse secourir des enfants. Mais je ne peux pas rester de marbre devant eux, c’est impossible. » Qu’elle n’y voit pas là une attaque personnelle, il ne peut juste pas se comporter comme elle. D’ailleurs, cela soulève une question chez le résident, qui en la cherchant du regard, lui demande presque sa formule secrète : « Comment vous faites pour supporter la mort d’un enfant ? Ne voyez vous pas cela comme un échec ? » Là, il s’exposait réellement. Elle qui était intelligente comprendrait aisément que le pire défaut du jeune homme, outre le fait de s’attacher trop vite était son perfectionnisme. Mais elle lui réservait d’autres surprises, admettant s’être trompée, et il eut un rire nerveux, impossible à contrôler. Il n’en croyait pas ses oreilles. Toutefois, plutôt que de savourer cette victoire, il tint à être plus rassurant : « Du moment que ça n’a pas mis en danger l’enfant, ce n’est pas préjudiciable. Et ne vous en faites pas, je n’ai pas d’intérêt à avoir la grosse tête. » Les compliments il savait les accepter, mais rien n’était suffisant pour qu’il cesse de s’acharner. On en revenait toujours aux mêmes problèmes. La titulaire lui rend alors le dossier qu’il range dans sa sacoche, et alors qu’il relève la tête, il sourit, comme pour lui montrer qu’il a déjà pris les devants et qu’il sait où il va, mais introduisant la possibilité d’avoir besoin d’elle quand même : « Je le sais. C’est pour cela que je convoquerai la mère de l’enfant à la première heure demain matin. Seulement, je ne crois pas qu’elle se confiera à moi avec autant de facilité qu’à une autre femme. » Fronçant les sourcils tout de suite après, il se rend compte qu’elle a suggéré la possibilité que le père ne veuille pas sauver son enfant. Ce qu’il n’envisage absolument pas. « Quel père refuserait de faire un don à son enfant ? » Ca serait inhumain. Frances semble en avoir assez de discuter sur le parking, et puisqu’ils semblent avoir trouvé un terrain d’entente, il est prêt à la laisser partir. Elle le prend une nouvelle fois à contre-pied en l’invitant à boire un café, et le résident tient à se la jouer galant : « Je vous l’offre ! » Dit-il alors qu’il la rejoint en marchant en direction du café. Elle ne le déteste pas tant que cela en fin de compte.
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyLun 23 Nov - 18:41


« Vous faites exprès. » Ses paupières se ferment, sa main qui passe sur son front puis dans ses cheveux, dans une ballade qui se termine sur son épaule endoloris. Le ton est plus neutre qu’au début, signe qu’elle est plus à même de baisser les armes que de se lancer, une nouvelle fois, dans la conquête du trône de l’emmerdeur suprême. Pour cette fois, Frances lui laisse avoir le dernier mot, sans pour autant lâcher l’affaire, déjà prête à bien lui remonter les bretelles sur le prochain cas, mais pour l’heure, elle se doit d’admettre qu’il a raison; il lui faut mettre son agacement, injustifié, de côté et user de toute cette énergie pour préparer la prochaine étape des soins du gamin. Du patient. Du dossier numéro untel. Ne jamais donner leur nom, c’est plus simple, même si cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne le connaît pas, qu’elle ne retient pas, ça évite de faire dans le sentimentalisme et de se prendre une terrible claque dans la gueule, le jour où votre acharnement ne paie pas. « C’est pathologique chez vous de comprendre tout de travers, non ? Quand vous aurez compris la différence entre donner un avis, s’imposer dans un cas qui vous porte tant à coeur, plutôt que de demander l’approbation. C’est votre problème à vous, internes et résidents.. Vous faites une découverte, vous avec un éclair de génie et plutôt que de les brandir avec assurance, de vous imposer pour qu’on vous respecte, vous choisissez soit d’attendre le dernier moment, peut être dans l’espoir d’apparaître en héros, je ne sais pas, ou alors vous la soumettez avec un air ahuri et dans un murmure.. par peur de quoi ? De l’échec ? De commettre une erreur ? » Elle reste calme, remue la tête en soupirant et finit par remonter la lanière de son sac sur son épaule, glissant finalement une main dans sa poche, le poing serré. Le sujet la touche peut être plus qu’elle ne veut l’admettre, parce que malgré la réputation qu’on lui a collée au train, Austeen ne peut nier le fait qu’elle n’a pas toujours été ce médecin froid et détaché, qu’elle a aussi été une interne dévouée aux patients, inquiète de leur santé, parfois même au-delà du soin médical qu’elle a pu leur apporter. Certes, sans doute pas autant que James, qu’elle trouve trop mielleux et qui fait preuve, avec toute l’objectivité dont elle regorge, d’une trop forte empathie qui pourrait mettre en péril son avenir dans la médecine, mais elle aussi a senti cette impuissance face à un cas qu’un titulaire avait désigné comme incurable. La seule chose, c’est sans doute que Frances ne serait pas autant battu avec son supérieur, comme James aujourd’hui et, en ça peut être, elle accepte sans réel complexe d’admettre qu’il vaut mieux qu’elle. « Je peux comprendre que vous trouviez injuste que des êtres innocents puissent être affligés de maladies terribles, que vous ayez à coeur d’apporter plus à ces gamins que des anesthésiants et des heures sur une table de chirurgie pour les rafistoler. Je le comprends, même si je n’approuve pas. Elle sourit, un peu, ou presque. Du moins, la mimique qui s’affiche sur ses traits semblent rappeler un sourire, fugace, qui disparaît presque aussitôt. Alors oui, certains restent de marbre, parce que c’est plus facile pour eux de ne différencier aucun patient, peu importe son âge, mais ça ne leur enlève pas cette volonté de tout faire pour les rafistoler et les regarder repartir par cette porte, dans l’espoir de ne jamais les voir la franchir à nouveau. » Une manière détournée, peut être, d’expliquer que si elle ne prend jamais le temps de faire connaissance avec ces malades, ces blessés, qui viennent s’échouer dans son service, comme dans ceux dans lesquels elle a pu errer avant de se spécialiser, vient du fait qu’elle ne veut jamais les revoir, une fois qu’il quitte sa table d’opération. Il en a toujours été ainsi, au final, ce besoin irrépressible de disparaître de leur vie, après avoir fait tout son possible pour eux; parfois pour les laisser profiter de cette prochaine étape de la vie qu’elle leur offre en réussissant à les ‘sauver’, parfois pour les laisser profiter du temps qu’il leur reste quand elle a échoué. Inconsciemment, ça lui vient probablement de cette image des médecins qu’elle avait, plus jeune, quand elle les associait irrémédiablement à de mauvaises nouvelles et qu’elle n’avait qu’une volonté; celle de s’éloigner de ces vautours, planant au-dessus de leurs patients comme la mort au-dessus des âmes condamnées.
« Pardon ? C’est la surprise qui prime, le regard un peu perdu. Quand vous étiez à l’école, si vous échouiez à un examen.. Ça vous décourageait ou bien ça vous donnait la volonté nécessaire pour faire mieux au prochain ? A mes yeux, perdre un patient, ce n’est un échec qu’à partir du moment où ça ne me sert pas pour faire mieux sur le prochain. Le ton, presque maternelle, qu’elle use la surprend sans doute autant que cela peut étonner son interlocuteur. Parce que vous avez un bistouri et que des vies dépendent de vos décisions, ne signifie pas que vous êtes Dieu. Et de ce que j’ai cru comprendre, il n’y a que Lui qui soit parfait et à l’abri de n’importe quelle erreur, ou échec. L’échec.. Quel vilain mot. » La main libérée du dossier, qu’elle lui rend, Frances la glisse dans sa deuxième poche, fière sans le dire, des initiatives qu’il s’est enfin décidé à prendre, même s’il a fallu pour ça qu’il vienne encore la gonfler.. En dehors de ses heures de travail. Dans cette zone si agréable où elle n’est plus chirurgienne, mais juste Frances et où elle peut reposer ses neurones, le temps du trajet de retour à la maison, avant de s’enfermer à nouveau dans ses recherches une fois chez elle.
Tête inclinée, comprenant bien ce qu’il sous-entend, elle ne peut s’empêcher de grimacer un peu. Si elle n’aime déjà pas affronter ses patients, confronter une mère face à la preuve irréfutable de son infidélité, c’est encore moins alléchant. « Vous savez, les femmes sont très particulières quand il s’agit de ce domaine-là. Entre nous, on se juge énormément, je ne pense pas qu’elle appréciera réellement d’avoir à se confier sur un tel sujet à moi, mais je pourrais vous assister. Après tout, c’est votre patient. » Elle enclenche déjà le mouvement, pour prendre la direction du café, soupirant fortement à sa réflexion; sa naïveté aura toujours le don de mettre Frances dans un drôle d’état, à mi-chemin entre la colère et la lassitude. « Si vous me posez la question, Arryns, c’est que vous n’avez pas encore vu assez de famille de patients.. » C’est triste à dire, mais c’est le genre de chose que la grande blonde a dû affronter dans sa carrière et, ce, à plusieurs reprises. Elle a beau être froide, elle a au moins le mérite de ne faire subir son absence à sa progéniture inexistante. « Ne croyez pas que c’est en m’offrant un café que vous allez avoir droit à un traitement de faveur.. »


Dernière édition par Frances Austeen le Jeu 26 Nov - 22:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyMar 24 Nov - 10:52

« Vous devriez poser votre sac au sol. Vous vous arrachez l’épaule. » Dit-il en constatant que depuis le début, elle ne faisait que remettre sa lanière et remonter son sac. A croire qu’il était aussi lourd qu’un quintal. Il avait décidé de ne pas répondre à sa énième provocation. S’il le faisait exprès ? Pas le moins du monde. Elle comprendrait bien vite que James avait beau être un bon chirurgien et un homme capable d’écouter tout le monde et d’être la plaque tournante d’une famille, il était avant tout peu sûr de lui au niveau des relations sociales. Il était réservé au possible et parfois, il ne comprenait pas véritablement les réactions des gens. C’est pour ça qu’il était plus à l’aise avec les enfants. Un enfant est innocent, bien moins sournois qu’un adulte et dit tout ce qu’il a sur le cœur sans mâcher ses mots. James n’est pas Champollion, déchiffrer les hiéroglyphes, très peu pour lui. Si Frances finit par toucher dans le mille non sans évoquer une personnalité qui ne lui ressemble pas le moins du monde, James sait qu’il ne peut plus se cacher. Ses défauts sont devenus bien trop lisibles et il s’agace de voir qu’elle le considère au même niveau que les autres internes et résidents parce qu’il refuse tout simplement de faire la moindre erreur. Les parents Arryns ont toujours répété au petit garçon qu’il était qu’on apprend de ses erreurs, sauf que James abhorrait l’erreur comme il détestait les épinards et les brocolis. C’était viscéral chez lui. Soupirant d’agacement, mais toujours assez calme, le résident usa de sarcasme. « Oui c’est ça. Vous êtes contente de votre trouvaille ? Je ne veux pas échouer, je ne veux pas me tromper, et il est hors de question que je commette la moindre erreur ! Je me fiche d’être un héros. Mais je n’accepte pas l’échec. J’ai beau avoir de bonnes connaissances en médecine, je sais que je peux me tromper. Or, si j’ai l’approbation de quelqu’un, j’ai moins de chance de me tromper. Prévenir plutôt que guérir, ça vous dit quelque chose ? » Sa démonstration était purement logique, basée sur de la probabilité, mais même lui n’était pas satisfait de ce modèle, car comme il l’avait vu aujourd’hui, Frances Austeen s’était trompée, et s’il ne s’était pas acharné, Jesse aurait été condamné. C’est drôle, plus il s’entête à lutter contre la titulaire et plus il se rend compte qu’elle n’est pas aussi froide et détachée que ce qu’elle veut bien le laisser croire. Il n’y a qu’à voir le langage de son corps pour comprendre : elle est agacée par son sac autant que par les propos de James. Elle semble également s’apaiser malgré les reproches parce qu’elle sait reconnaitre ses tords, et le résident Arryns en est persuadé, elle se revoit à travers lui, d’où sa sévérité. Elle essaie de lui apporter doucement une autre vision de leur condition. S’il est persuadé qu’il peut sauver tout le monde, c’est parce qu’il n’a pas été confronté à une erreur ou un cas incurable. Certes, il en a vu des enfants mourir de leurs maladies, mais ça n’était pas de son ressort. Il ne les avait pas opérés. Et si ça l’avait attristé, il savait que ses patients auraient toujours bien plus d’impact sur lui. Ce n’était pas une question d’égo, mais bien d’attachement. Mais il ne s’imaginait pas cesser de plaisanter avec eux, de les couvrir le soir avant de partir, les écouter raconter leurs rêves, les prendre dans ses bras comme pour leur signaler qu’il ne les laisserait jamais tomber. Ca avait marché avec Aidan, avec Kevin, Serena et les autres. Certains anciens patients revenaient même le voir pour le remercier et lui dire qu’ils avaient pu réaliser leurs rêves et ça, ça valait tout l’or du monde. Il comprend la vision d’Austeen. Il a saisi qu’elle souhaite juste qu’ils s’en sortent mais que jamais ils ne se souviennent d’elle pour laisser leurs troubles derrière eux. Mais quid de ceux qui ne s’en sortent pas ? Leur séjour à l’hôpital n’aura été que souffrance. « Combien de patients n’avez-vous pas pu sauver ? J’imagine que vous devez connaitre le nombre, mais pas leurs noms ? Moi je m’intéresse à leurs vies, à ce qu’ils aiment, ce qu’ils auront à cœur de faire une fois sortis d’ici. Comment vous faites pour qu’ils y croient encore et qu’ils se battent si vous ne faites pas la démarche de vous intéresser à eux ? Prenez l’exemple d’un gamin en phase terminale qui rêve d’aller un jour à la plage avec ses parents et ses frères et sœurs. Si vous ne prenez pas le temps de discuter avec eux, vous ne le saurez jamais, et cet enfant aura eu le temps de mourir sans s’octroyer ce petit plaisir pourtant simple. » Il veut lui faire comprendre que sa démarche bien que couteuse pour lui et son organisme n’est que profondément altruiste et qu’il ne fait ça que dans l’intérêt des enfants. Frances doute, il le voit bien, et il lance à tout hasard ce qui émane d’elle à cet instant précis : « Vous faites mine de ne pas vous y attacher. Ca reste la même problématique. Vous prétendez être différente, mais vous ne l’êtes pas. Vous ne voulez juste pas l’admettre. » Elle se voit à travers lui, des années en arrière, il n’a pas besoin de confirmation, c’est palpable. Quand elle s’étonne de sa question, elle répond en utilisant une comparaison étrange avec les examens, sauf qu’il ne trouve pas ça comparable et il coupe court en rétorquant : « Je n’ai jamais échoué un seul examen. » S’il avait échoué, il n’aurait pas souhaité faire chirurgien, car pour lui c’était être suffisamment incompétent pour mettre en danger quelqu’un. Il jugea bon d’ajouter quand même qu’il trouvait totalement déplacé de parler d’amélioration après la perte d’un patient. « Sauf votre respect docteur Austeen, on parle de vies humaines ! Pas de cobayes ! » Il secoua la tête dans une grimace légère qui voulait tout dire. L’aberration de ce monde c’était de ramener les chirurgiens à des rats de laboratoire. Ils n’étaient certes pas des tous puissants, mais James connaissait le pouvoir de vie et de mort qu’ils avaient sur un patient et que la moindre erreur pouvait être fatale, et si Frances ne voyait pas cette peur comme toute à son honneur, alors c’est qu’elle ne comprendrait jamais sa démarche. « Qui a parlé de me prendre pour Dieu ? Il n’empêche pas ces enfants d’être malades, lui ! Je refuse de voir un enfant mourir par ma faute. Si vous n’aimez pas le mot échec, trouvez en un autre ! » S’il ne s’énerve pas, il la regarde avec incompréhension. Mais il ne veut plus épiloguer sur ce sujet, et il soupire bien bruyamment pour le signifier. De cette manière, il se protège. Il ne veut pas dévoiler ce qui l’a poussé à devenir chirurgien pédiatre. Il ne veut pas parler de Kieran, parce qu’il ne sait pas s’il pourra supporter le regard qu’elle lui infligera. Mieux vaut parler des vivants que des morts. Arryns insiste encore et toujours sur le cas du petit Jesse, parce qu’il se connait, et il sait que la mère de l’enfant lui donnera du fil à retordre. Sauf qu’il s’adresse probablement à pire que lui. « La survie du petit dépend de votre aide. Je me connais, je n’ai pas le tact suffisant pour amadouer une femme qui a fauté. Je risquerais de la braquer. » Mais très vite, il se rend compte qu’elle ne fait pas ça pour lui donner plus de responsabilités, alors il sourit, comme ravi d’apprendre que la titulaire a elle aussi des failles. « En fait, vous avez juste peur de l’affronter, c’est bien ça ? » Ils marchent en direction du café et il ne peut s’empêcher de la dévisager, d’essayer de comprendre l’énigme qu’elle représente. A sa question, elle répond une nouvelle fois pour appuyer sur son manque d’expérience, ce à quoi il rétorque bien vite après un haussement d’épaules. « J’évite de m’y confronter. Je suis bon pour opérer, pas pour faire dans le social. » Pour autant il n’était pas du genre à envoyer un interne à sa place. Mais soudain, il brise le silence de la nuit et le froid qui l’étreint par un rire bien sincère. « Vous êtes pas croyable ! Si vous préférez le payer, faites-le ! Mais arrêtez de voir le mal partout ! » Parfois il se demande qui est le plus fou des deux.
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyMer 25 Nov - 15:49


C’est peut-être là toute la différence entre eux, le gouffre sans fond qui menace d’élargir un peu plus, parce que Frances est bien trop têtue pour laisser entendre qu’il puisse y avoir, ne serait-ce qu’une seconde, une certaine similitude entre leurs deux comportements. La vérité c’est que chacun, à sa façon, se protège, sans qu’on sache véritablement laquelle des deux techniques, dont ils usent, est la meilleure. Frances s’évertuerait sans doute à prouver, à qui veut l’entendre ou non, que c’est sa méthode à elle, la moins risquée, parce qu’en évitant de se lier d’une quelconque façon aux patients, ou aux parents, qui passent dans son service, elle s’évite la sensation d’échec, notion qui semble si chère à James. Ses gestes sont toujours mécaniques, calés sur les méthodes d’enseignement qu’on a pu lui dispenser à l’école de médecine autant que dans les différents services qu’elle a hantés pendant son internat; des actes dépendants de décisions tranchées dans l’impartialité la plus totale, par la réflexion et non par la compassion qui suinte par tous les pores de la peau de son résident. Du moins, elle était certaine que c’était la méthode la plus appropriée, et ce, pas plus tard que la veille, mais aujourd’hui, qu’en est-il ? C’est se remettre en question que de chercher une réponse et, comme toutes les personnes qui fuient leurs responsabilités, Frances aime à prétendre qu’elle n’a pas le temps pour faire le point sur ses actions, ses décisions et tout ça parce qu’elle se repose sur son taux de réussite. Erreur fondamentale de débutant, mais se pencher sur son fonctionnement et relever les petites anomalies, ça serait dire adieu à sa réputation d’imperturbable et prendre le risque d’hésiter, au moment le moins importun. On lui trouve de l’arrogance, pourtant Frances accepte sans mal de ne pas être parfaite, de ne pas tout savoir en médecine parce que les cas changent, évoluent sans jamais se ressembler complètement quand ils ne sont pas d’une rareté improbable. « Je n’ai pas à l’être, contente. C’est votre problème si vous n’êtes pas foutu de vous remettre en question, l'hypocrite, on a aussi de très bons psys qui pourront vous aider avec votre problème face à l’échec. N’hésitez pas à consulter, surtout. » Elle hausse les épaules, tente à montrer qu’elle est déterminée à mettre un point final à cette dispute absurde, qui ne mène nulle part et qui, surtout, la fatigue. Alors, comme pour souligner son entêtement et, aussi l’agacer, elle joue à nouveau de la lanière de son sac, qu’elle remet en place, histoire de lui montrer qu’elle peut surement être aussi bête qu’il a l’air de le supposer par son attitude et ses réflexions. Ce manque de confiance en ses méthodes, de manière générale ou plus particulièrement sur le cas du petit Jesse, commence clairement à mettre à mal son calme et sa froideur.
Il a déjà réussi l’exploit de la déstabiliser, en le surprenant assit sur le bord du lit d’un gamin, à le faire rire à propos d’elle ne sait quoi.. Elle s’est promise de ne plus se laisser avoir. Tout comme il remet en cause son travail en lui soulignant son manque d’empathie chronique, elle a du mal à le croire capable de devenir un jour titulaire, pas avec sa tendance à tout prendre trop à coeur. C’est voué à l’échec. Autant cette discussion que l’espoir, qu’un jour, ils puissent se comprendre et travailler ensemble plutôt que de se contredire ensuite à la moindre opportunité. Et s’il arrive probablement à saisir ce qu’elle refuse d’expliquer clairement Frances, elle, ne parvient pas à faire preuve d’assez de patience pour comprendre son mode de fonctionnement; simplement parce qu’elle, ça l’effraie, cette franchise des enfants, cette maturité dont ils font parfois preuve et à laquelle elle s’est heurtée à de plusieurs reprises. Simplement parce que pour elle ça n’a pas de sens, ça n’est pas cohérent qu’un être supposé innocent soit capable d’un telle vision de la vie, sans artifices, quand on s’évertue pendant tant d’années à les garder dans ce cocon de tendresses et d’oursons en peluche. Ça vient peut-être du fait qu’elle n’a jamais eu d’oursons pour ses Noëls ou anniversaires, parce qu’elle n’en a jamais vu l’utilité. Alors non, elle ne saisit en aucun cas sa manière de penser et, de toute façon, elle n’essaie plus quand il la pique au vif, l’obligeant à lever vers lui un regard noir, visiblement plus blessée qu’il n’y paraît. « Vous vous croyez supérieur parce que vous êtes capables de retenir les noms, les dates d’anniversaire et les parfums de glace ? » L’ennui, c’est qu’il touche un point sensible, à son insu, parce que si elle oublie parfois des noms, elle est incapable d’oublier les cas, les problèmes. Elle a plus de facilité à se souvenir de la tumeur, de sa taille et de sa localisation que du patient a qui elle est rattachée. C’est terrible et ça lui fait un peu l’effet d’une gifle quand elle le réalise, pour autant, elle se contente, une nouvelle fois, de hausser les épaules. « Pensez ce que vous voulez, je n’ai aucun compte à vous rendre, pas plus que vous n’en avez pour moi au final. Gérez donc vos patients comme bon vous semble, laissez vous bouffer par la vie des autres et mettre en péril vos jugements. Après tout, c’est votre vie, votre carrière que vous mettez en jeu. » Il y a visiblement un écart trop important entre eux pour qu’ils parviennent à trouver un terrain d’entente, et même le fait de remettre leur affaire, la principale raison de toute cette altercation, sur le tapis ne l’aide pas à calmer les nerfs qu’il a mis à vif. C’est plus pour s’occuper les mains, désormais, qu’elle joue de son sac plus que pour palier à une douleur musculaire.
« Par votre faute ou non, certains de ces enfants mourront et vous aurez beau vous acharnez et peut être que ça paiera pour la plupart.. Mais certains vont mourir, et même si vous aurez tout fait pour l’éviter, que vous vous serez donné plus que n’importe qui, ce sera de votre faute, fatalement. Et ce même si d’un point de vue chirurgicale, vous ne serez pas responsable. Plus tôt, vous l’aurez compris, mieux ça sera. » Son soupir tombe dans l’oreille d’une sourde, pas seulement parce qu’elle a le sentiment de l’avoir touché, mais surtout parce qu’elle accepte mal l’idée qu’il puisse croire que ses airs distants lui donnent la froideur nécessaire pour accepter qu’un patient meure, par sa faute ou non. Que n’importe qui puisse le croire, pas seulement lui. Malgré tout, elle finit par lever la main devant son visage, les traits tirés et la paume vers la rue qu’ils empruntent, comme pour effacer l’ardoise, mettre un terme à ce conflit qui lui fait user plus d’énergie, à cet instant, que toutes les opérations qu’elle a eu à pratiquer dans la journée.« On ne vous demande pas d’amadouer cette femme, mais de lui poser une question claire et sans artifices. On est là pour soigner son fils, pas pour épiloguer sur le fait qu’elle ait eu ou non une aventure. » Son pas ralentit à un peu et elle finit par lever un regard explicite sur lui. « Vous ne faites pas dans le social ? C’est ce que vous faites sans arrêt, en quoi c’est différent que ce soit avec les enfants ou leurs parents ? » Et parce que Frances n’a aucune logique, qu’elle est aux prises avec trop de sensations et d’émotions divergentes, elle finit par s’arrêter complètement alors même qu’ils ne sont qu’à quelques mètres du café. « Non, vous savez quoi.. Elle ignore pourquoi, mais c’est soudain une espèce de frayeur qui la fait réagir. C’est une mauvaise idée. Je vous ai assez vu dans la journée pour vous laissez gâcher mon unique plaisir de fin de garde.. Rentrez chez vous, elle fouille déjà ses poches à la recherche des clés de sa voiture. Nous aurons déjà à beaucoup à faire demain. » Elle retient un juron en continuant de fouiller ses poches, son agacement rendant ses gestes un peu hasardeux. Frances a juste l’air d’une malade incohérente et instable; pour peu que ça l’éloigne de l’image qu’elle peut renvoyer le reste du temps..


Dernière édition par Frances Austeen le Jeu 26 Nov - 22:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyJeu 26 Nov - 12:25

« Je penserais à vous consulter le jour où ça arrive, vous avez l’air experte en la matière. » Douce ironie qui s’échappe d’entre ses lèvres. Elle qui possède cet air si détaché, qui ne se laisse pas dominer par les émotions, que comprend-elle à la psychologie humaine ? Au fond, lui non plus n’y comprend rien. Ce que les enfants lui offrent n’est qu’innocence et profonde gentillesse. Les relations entre adultes sont bien loin d’être les mêmes et le laissent parfois dans l’incompréhension la plus totale. Il n’y a qu’à voir l’état de ses relations avec ses supérieures. Il ne sait pas bien comment agir sans avoir à s’attirer leurs foudres. Se comporter bien avec un enfant vous apportera toujours ses grâces alors qu’un adulte peut prendre votre dévouement et amabilité comme une façon d’obtenir quelque chose. Le docteur Austeen voyait son dévouement comme une faiblesse, parce qu’il se laissait submerger par les émotions quand il s’agissait d’enfants et qu’il ne supportait pas de les voir faiblir et disparaitre. Selon le résident il y avait une raison insidieuse derrière toute cette mascarade. Un titulaire a un vécu et évolue avec le temps. S’il devient plus distant c’est parce qu’il acquiert suffisamment d’expérience pour se détacher de l’acte de sauver une vie, et qu’il voit sa profession comme une autre. A moins qu’il n’ait eu à se contrôler juste pour se protéger. La différence entre James et Frances, c’est que James reste entier, fidèle à ses principes, peu importe ce que ça lui coute. Il sait qu’il n’aurait pas été le même chirurgien en choisissant la neurologie. Peut-être que nos choix influent sur notre personnalité. Pour autant, il perçoit chez la titulaire une once d’humanité qu’il ne lui trouvait pas jusqu’à présent, comme si la confrontation répétitive avec Arryns la confrontait à son passé et ses vieux démons. Il n’a nul intérêt de savoir ce qui l’a rendue ainsi. Au fond, si sa vie lui convient de la sorte, il n’a pas besoin d’intervenir, mais elle ne devrait pas chercher à le protéger à son tour. Il fait le choix de donner corps et âme à ses patients, et en assume les conséquences, ce qu’elle pense être erroné. Elle est persuadée qu’il craquera, mais ce jour n’est pas encore arrivé. Au fond, il se plait à garder son calme et à observer les signes d’agacement qui deviennent légion. Le petit sourire qu’il arbore en dit long. Il songe à la remise en question dont elle a parlé un peu plus tôt, et s’il n’a pas daigné se lancer dans un nouveau débat, il est évidemment convaincu de sa remise en question permanente : les enfants lui apportent tant de par leur maturité en constant développement. Ils sont parfois si surprenants qu’ils vous changent un homme. Il suffit d’un mot émanant de la bouche d’un enfant pour changer le cours d’une vie. Austeen n’est pas prête de réaliser le cheminement d’Arryns. S’il pouvait le lui expliquer, il le ferait. Mais elle ne lui laisse pas cette opportunité en faisant de lui un être qu’il n’est pas. Peut-être a-t-elle l’impression qu’il calcule sa différence pour sortir du lot, mais ça n’est absolument pas le cas. James a toujours veillé sur ses cadets, la bienveillance fait partie de lui. Il soupire bruyamment tandis met ses mains dans ses poches, et fait un pas ici et là, sans trop comprendre pourquoi elle lui en veut à ce point. « Non. Mais je considère que c’est important. Et visiblement ça vous agace. Vous n’avez pas compris que ce que je cherche ce n’est pas l’approbation de mes supérieurs ou leurs compliments. Ce que je veux c’est apporter quelque chose à ces enfants qui se battent pour avoir le droit de vivre et qui s’émerveillent devant une simple petite attention. » Il réfléchit, alors qu’elle lui balance encore qu’il sabote sa carrière, sa propre intégrité. Il regarde le ciel aussi sombre que le bitume mais parsemé d’étoiles. Il en vient, encore en proie à une profonde gentillesse, que c’est parce qu’elle a connu pareille expérience qu’elle tente de le materner maladroitement. « Je me demande quand même ce qui vous pousse à vous comporter de la sorte. Je crois que vous n’avez pas supporté de perdre votre premier patient et vous vous êtes jurée de ne plus souffrir. Vous feignez votre indifférence. » Il sait qu’elle évitera de lui raconter son passé, parce qu’ils ne seront jamais assez familiers, mais peu importe, il préfère se donner cette image de Frances Austeen, celle de la femme meurtrie plutôt que de la considérer comme une femme dénuée de sentiments, aussi froide que le marbre. Elle est évidemment dans le vrai quand elle lui parle de son acharnement, de la mort des patients. Elle parle en connaissance de cause, et s’il entend bien ce qu’elle dit et qu’il sait que tôt ou tard il y sera confronté, il ne souhaite pas y penser. « Mais au moins j’aurais eu le mérite de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour les sauver. Je me fous que ça m’épuise, que ça soit difficile, ils méritent qu’on se démène pour eux. » Il en revient toujours aux mêmes choses. James Arryns se croit suffisamment fort mentalement pour tenir toute sa vie ainsi, à continuer de s’occuper des enfants comme il le fait, à sacrifier une partie de sa vie pour pouvoir leur venir en aide. Il offre son cœur sur un plateau à ses patients à défaut de l’offrir à une femme. Le débat est sans fin, et ce qu’il croyait être une formalité s’est transformé en un échange interminable qui l’a lui-même fatigué. Peu importe, il n’a rien d’autre à faire chez lui que de se laisser tomber sur son lit et attendre que son réveil sonne. Quant au cas du petit Jesse et sa mère, il se doute que la tâche sera délicate et il aurait espéré trouver un conseil infaillible chez le docteur Austeen, mais il semble que la distance qu’elle instaure entre eux, soit en définitive la même pour tous. Sauf peut-être auprès de Lenyn. Il fait la moue. Ils n’ont définitivement pas la même vision des choses. « Honnêtement, vous croyez vraiment qu’elle va apprécier que je pointe ses infidélités du doigt et gentiment me donner les coordonnées de son amant ? » Il voit déjà le tableau, la femme demandant de trouver un autre donneur compatible, sauf que le rejet n’en sera que plus important. Mais il reprend espoir juste en songeant au petit garçon. Il le sauvera. Alors qu’elle ralentit pour l’alpaguer une fois de plus, il s’arrête et la regarde sans comprendre, comme si ce qu’elle venait de dire était la pire ineptie du monde. « Oui c’est différent. Si vous aviez côtoyé plus d’enfants en dehors de cet hôpital vous le sauriez. » N’était-elle jamais allée au parc pour regarder les enfants jouer ? N’avait-elle jamais été interpelée par un enfant qui lui posait des questions étranges ? Frances Austeen vit décidément dans un autre monde. C’est alors qu’à son tour, elle s’arrête, à quelques mètres du café à peine. Elle retire son invitation, probablement lasse de devoir répondre aux invectives du résident, qui étonné comme jamais, la regarde interloqué au possible, se retenant de rire tant la situation est loufoque. « Vous savez ce que vous voulez ? » Apparemment non, et elle semble nerveuse au possible, et il s’en amuse en s’avançant vers elle : « on se détend, Barbie ! » Il sourit : « Votre problème c’est que vous ne vous accordez pas le droit de vivre, vous voyez tout comme une contrainte. » A son tour de faire une bonne action : « Je vous ramène, je crois pas que vous soyez en état de conduire. Et demain vous récupèrerez votre voiture. » Elle avait l’air terriblement tendue et ça avait interpelé le résident qui commençait à culpabiliser. Il était peut être allé trop loin.
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyVen 27 Nov - 0:57


Elle a toujours fonctionné comme ça, mécaniquement et avec réserve, parce que c’est plus facile, sans doute, parce que comme ça, chaque fois qu’elle passe les portes, elle ne s’encombre pas la cervelle d’informations inutiles ou d’émotions dérangeantes. L’affect est comme une tumeur, à ses yeux, alors dès qu’elle a été en âge de le comprendre, Frances a tout fait pour l’annihiler, à défaut de se le retirer comme on enlève un organe déficient pour le remplacer par un autre. Parce que les sentiments, les émotions et tout autre chose poussant à la faiblesse du « coeur », ne sont que des freins à la réussite, à l’excellence et l’autonomie, que ce soit à tort ou à raison, Frances n’a jamais cessé de voir les choses ainsi, quand bien même elle semble incapable de dire avec précision à quand cela remonte, cette lubie de ne vouloir aucun attachement, aucune relation pouvant mettre en péril tout ce qu’elle a bâti. Tout ce pour quoi elle a lutté, pendant des années et qui, désormais, lui permettent de prétendre à un confort de vie qu’elle n’aurait pas espéré dans sa jeunesse. Dire que ça lui vient de son passé, d’un traumatisme qu’elle a peut être tenté d’enfouir du mieux qu’elle a pu, ou que c’est l’héritage que sa mère lui a laissé, par son absence, serait lâche; parce qu’il n’y a pas pire, pour Frances, que de se servir de son histoire comme défense, comme raison légitime à ses travers ou ses choix. En grandissant, elle a prit la décision de nourrir son pragmatisme et son détachement, en délaissant ces notions abstraites que la sensibilité et, plus profondément, l’humanité dont font preuves la plupart des gens normaux. C’est peut être un comportement à tendance sociopathe, du moins c’est ce qu’elle voudrait faire croire, mais jusqu’ici ça fonctionne.. Jusqu’ici, ça a toujours fonctionné, et ce simplement parce que personne n’avait encore osé remettre en question sa méthode, son comportement ou sa personne toute entière. Ça paraît ridicule, parce qu’elle en a vu défiler des internes, des résidents et même des titulaires et des chefs de service qui l’ont mise à mal, qui l’ont parfois piétiner quand elle venait d’arriver, qui l’ont poussé dans ses retranchements. Ils l’ont rendu meilleure, parfois pire, mais aucun d’eux ne l’a autant poussé à bout, à constamment l’invectiver, à toujours la contredire et à prouver sa différence, parce que tout ce qui ne ressemble pas à Frances est forcément différent, en agissant à l’opposé de ses méthodes de communication ou de travail. C’est pour ça qu’elle s’énerve autant, parce qu’il lui donne cette sale impression d’être une incapable, ou d’être trop distante pour être capable de faire la part des choses entre son manque de sociabilité et le traitement des patients et rien que ça.. Rien que ça, ça arrive à la sortir de ses gonds. Même si, en jetant un oeil objectif sur la situation, il lui faudrait reconnaître que ce n’est pas spécialement lui qui la met dans un tel état d’énervement, ça serait trop facile sinon.
La vérité c’est qu’il lui semble que tout le stress accumulé ces derniers jours, entre l’hôpital et les nouvelles du monde extérieur, n’ait fait que remplir un vase déjà bien rempli, quelque peu ébréché même et que James ne soit que la petite goutte de trop. Elle qui se targue d’être diplomate et impartial, il est clairement évident qu’en présence d’Arryns, sa capacité à faire preuve d’objectivité est mise à mal, pour ne pas dire qu’elle est réduite en miettes.
Il a des arguments pourtant et même des bons, qu’elle accepterait sans doute d’entendre si elle n’était pas d’une humeur exécrable. Ça semble venir crescendo, comme une petite boule au creux de l’estomac qui s’est percée et qui diffuse, progressivement, de la colère et de la hargne infondées. Agacée, ça oui elle est et peut être même un peu trop. Elle décide de faire sa tête de lard, les lèvres pincées et le regard vide, vissé sur le bitume et sur le mouvement de ses pieds. C’est qu’elle est douée, Frances, quand elle décide d’user de son mutisme comme arme punitive. A mieux y regarder, il vaut mieux, de toute manière, qu’elle se taise, surtout si elle tient à mettre fin à ce conflit sans fin, qui a plus des allures de concours de celui qui a la plus grosse que d’un véritable débat avec argumentation valide. « Touché, ironise-t-elle, en levant les yeux au ciel, je garde même une photo dudit patient, pour jamais oublié et je la porte contre mon coeur. » Ça lui paraît tellement cliché, cette image qu’on donne aux chirurgiens comme elle, qu’on humanise en expliquant un mal viscéral du à une impuissance dégueulasse. Au fond, ça serait peut être plus simple si c’était ça, seulement ça, mais Frances ne serait plus qu’un être ordinaire, aussi fragile que les autres.. Elle feint son indifférence, sans doute, ou alors elle offre simplement son attention avec parcimonie. Même si ces derniers temps, Frances semble la distribuer à outrance. « Oui, parce qu’il n’y a qu’en se sacrifiant, au-delà du rôle qui nous incombe, pour ses patients qu’on prouve qu’on est un bon chirurgien et un être humain exemplaire. Je pense que maintenant qu’on a mis carte sur table, ça facilitera les choses; vous pensez sans doute que je n’ai pas ma place en pédiatrie parce que je ne m’implique pas.. Et je pense que vous êtes inconscient et que vous manquez de recul, ainsi qu’atteint d’un sérieux problème de confiance pour être aussi bloqué sur l’échec et la perfection, ce qui vous rend certes meilleur que nous tous dans le domaine de l’humain, mais finira par vous mener vers la fin précipitée de votre carrière. » C’est presque si elle ne lui sort pas une feuille vierge, pour rédiger le tout et faire signer les deux parties; histoire que ça soit clairement établi que l’un comme l’autre sous-estime l’autre, ou l’inverse. Elle sait plus trop. D’ailleurs c’est presque si elle ne sait plus rien, mais ça, elle préfère éviter de se lancer sur l’explication de cette boule au ventre et de ce besoin de faire la gueule. « Je m’occuperai d’interroger votre coupable. Puisqu’à défaut de côtoyer des enfants, je côtoie des adultes, ça me sera sans doute plus facile et ça me demandera moins d’efforts que si je dois materner… Domaine dans lequel vous exceller. »
Elle sait pas ce qu’elle veut non, mais ça, James à l’air de bien l’avoir saisi. Ça ressemble à rien, y a même plus une once de cohérence dans ses actes ou dans ses paroles; Frances se fait l’effet d’être victime d’un dédoublement de personnalité, ou peut être juste d’être bipolaire. Barbie. Elle lève un index menaçant vers son visage, tandis qu’elle recule alors qu’il s’avance. « Savez ce qu’elle vous dis, barbie ? » Rien de très polie, à moins qu’en lui donnant des noms d’oiseaux elle parvienne à rendre ça poétique. « C’est en pédiatrie que vous vous spécialisez, ou en psychiatrie ? » Elle roule les yeux et range son index crispé pour retourner ses poches avant d’avoir une vision apocalyptique. Son casier. Le verrou. La clé de voiture à l’intérieur. Elle en viendrait à se taper la tête contre un mur, parce que c’est pas dans ses habitudes d’oublier quoique ce soit, elle est trop précautionneuse. C’est surement l’accumulation des jours qui se sont suivis sans qu’elle les voit passer.. Ou juste la tête de James.. Qui lui revient pas. « Voyez! C’est ça qui m’énerve. » Sa gentillesse, pour ne pas dire le mot. Ça la rendrait folle; elle vient clairement de le rabaisser, de le traiter d’incapable et de pleutre.. Et le type lui propose de la ramener. C’est soit elle qui vit dans un autre monde, soit lui. En tout cas, c’est certain qu’ils ne vivent pas dans le même. « Z’êtes sûr que vous savez conduire.. » Manière plus ou moins détournéé de dire qu’elle pense potentiellement accepter l’offre.. Dépend de l’humeur qui aura le dessus une fois qu’elle sera proche du véhicule..
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyVen 27 Nov - 23:14

Le problème entre Arryns et Austeen ne concerne pas vraiment leurs compétences respectives. Elle a mérité sa place de titulaire et on vante généralement les mérites de ce service et James ne le remettait absolument pas en question. Quant à lui, il est de ces étudiants brillants qui ont toujours réussi peu importe le domaine et qui sont convoités partout, mais il n’empêche que chacun a ses travers. Le jour où ils comprendront qu’ils sont complémentaires dans le travail, Arryns et Austeen récolteront les honneurs de la profession : les faiblesses de l’un sont les forces de l’autre et vice-versa. Mais plutôt que de le voir comme un avantage, ils préfèrent argumenter sur leurs forces et camper sur leurs positions, ce qui au fond, est regrettable. L’immaturité de leurs propos prouve à quel point leur désaccord est puéril et stupide, mais il semblerait que cela les détende. Ou du moins que ça leur permette d’évacuer la pression qu’ils se mettent au quotidien. Le résident lève les yeux au ciel, conscient qu’elle se fiche ouvertement de lui, et il en remet une couche : « Ah si vous étiez aussi agréable que ce que vous mentez ! » Ils sont comme chien et chat, à se chamailler même quand ils n’ont pas de public pour y assister. Dire qu’ils se détestent serait erroné car Arryns n’a tout bonnement rien à reprocher à la titulaire, si ce n’est des piques parfois un peu trop tranchantes, mais du moment qu’elle ne vient pas à lui mettre des bâtons dans les roues au travail, il peut bien supporter ses railleries et ses attaques. Tout d’un coup, la chirurgienne se met à se lancer dans un monologue très bien rodé, qui subjugue dans un premier temps son interlocuteur, mais qui lui fait froncer les sourcils au fur et à mesure. Elle se méprend totalement sur ses pensées, et il s’insurge : « Quoi ?! Mais absolument pas ! » Jamais il ne questionnerait la place de Frances Austeen dans ce service. D’une parce qu’elle était là avant lui, et qu’elle avait trimé pour en arriver là ; de deux, cela remettrait également en question sa propre place au sein du service puisqu’Arryns ne souhaitait pas se spécialiser dans la pédiatrie mais plutôt dans la neurochirurgie ; et, enfin, il avait trop de respect pour elle pour faire de telles conclusions hâtives. Il pouvait bien la titiller en lui disant qu’elle était aussi agréable qu’une porte de placard, Frances Austeen était une des meilleures chirurgiennes de l’hôpital et peut-être même de toute la côte. Mais plutôt crever que de lui annoncer le fond de sa pensée, elle serait bien trop fière et es chevilles enfleraient tellement qu’il faudrait l’opérer d’urgence. Il préfère corriger ses propos, histoire de mettre les choses au clair. Elle le voit bien plus mesquin que ce qu’il ne l’est. « Je n’ai jamais critiqué votre façon de faire, je n’ai fait que me défendre sur ma façon de voir les choses parce que vous remettez en cause ma capacité à réussir ! » Mais elle préfère ne pas l’entendre et conçoit les choses autrement, insistant encore une fois sur l’issue inévitable de la carrière d’Arryns. Il hausse alors les épaules, posant un regard droit sur elle. « Pensez ce que vous voulez Austeen. » Son avis n’a pas d’importance à ses yeux. Il sait ce qu’il vaut, et même si ses défauts dérangent, ça ne l’empêchera pas de s’en sortir. Il a presque l’impression qu’elle ne peut pas s’empêcher de le materner, d’une manière assez peu usuelle, mais c’est ce qu’elle fait : elle le met en garde, elle l’engueule, tente en vain de le protéger. Mais par-dessus tout, elle ne cesse de le surprendre. Contre toute attente, elle revient sur ses positions, et décide de l’aider à résoudre l’affaire Jesse en se confrontant à la mère dès le lendemain, jugeant qu’il était plus apte à s’occuper des enfants et elle des adultes. « Vous êtes déroutante. » Elle l’étonne réellement. Si cela apparait plus comme une contrainte pour elle, il ose croire qu’elle le fait tout autant pour le patient que par gentillesse. Il se fait probablement des idées, mais il est heureux de constater qu’il n’aura pas besoin de préparer un discours à l’attention de la mère de Jesse. Il lui en est reconnaissant. « Merci. » Simple comme bonjour. En fait, il ne sait pas quoi dire d’autre car il sait qu’elle le lui reprochera. Comme toujours, elle répond avec animosité à ses railleries. Et il ne peut s’empêcher de rire une fois de plus. Elle ferait mieux d’oublier un peu le masque qu’elle porte à longueur de journée et se laisser porter par la vie. « Je croyais que c’était vous l’experte en psychiatrie ? » Contre-attaque en règle. Il fait la moue alors qu’il la voit fouiller ses poches avec vivacité et inquiétude. Elle semble ne pas avoir ses clés. Elle va donc être obligée d’accepter sa proposition, et elle se braque immédiatement en lui reprochant en plus d’être aimable. Il pourrait la laisser ici et s’en aller, la laissant livrée à elle-même, mais au contraire, il lui sourit et déclare simplement : « Ca tombe bien, je n’attends aucun remerciement. » Elle peut en avoir ras le bol de son comportement, il n’en changera pas pour autant. Elle pourrait essayer de le mettre en pièce qu’il ne la laisserait pas sur le parking sans moyen de rentrer. Elle doute de sa capacité à conduire, et là, il ricane de bon cœur, comme si la chirurgienne avait sorti une ineptie. « Je n’ai jamais commis d’impair, j’ai le permis depuis mes 16 ans, et je savais conduire à l’âge de 14. Vous préférez que je vous paie un taxi ? » Il a aussi le permis bateau et un joli voilier mais il est presque sûr qu’elle a le mal de mer. « Bon pas de café alors ? Je vous ramène ? Ma voiture est juste là. » Dit-il en montrant l’Audi A3 noire qui se trouve un peu plus loin, appuyant sur les clés pour ouvrir la voiture à distance.
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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptySam 28 Nov - 1:28


Personne n’a jamais osé se montrer aussi direct, aussi virulent, avec elle, du moins pas avec des propos qui, même si elle refuse de l’admettre parce qu’il est toujours plus facile de se voiler la face que de regarder la réalité en face, trouvent écho en elle. Sans doute que jusqu’à maintenant, Frances n’avait pas trouvé quelqu’un capable de la confronter à cette mascarade, celle qu’elle joue depuis ce jour où gamine, dans une cours d’école, elle a compris qu’il serait plus facile de s’armer d’indifférence et de solitude, pour s’éviter la pitié ou, peut être, la violence des autres. Elle a laissé son innocence et sa naïveté au placard, dès qu’elle a compris que cela ne lui servirait pas pour son avenir, alors à force de hargne et d’entêtement, Frances s’est faite toute seule. Sans famille pour assurer ses arrières, parce que son père a toujours eu à coeur d’aller dans son sens, n’ayant jamais vraiment compris en quoi consiste son métier, décrochant le courage de l’aider quand son niveau d’études s’est mis à considérablement dépasser le sien, sans personne pour l’épauler, Frances s’est bâti son avenir et sa personnalité pour être à l’épreuve de tout. Ou du moins, pour se donner l’illusion de l’être et comme il n’y a rien de plus puissant que le pouvoir de la duperie, elle s’est mise à y croire, à se persuader que rien ne pouvait l’atteindre si elle n’y prêtait pas attention. C’est sur les échecs successifs que Frances est arrivée à ce but qu’elle tente encore de dépasser, parce que sa vie ne s’arrête pas encore, que son avenir lui réserve sans doute encore des surprises, dont certaines dont elle se passerait surement. Echec scolaire, manque de patience des professeurs, manque d’encouragement; elle a toujours été le vilain petit canard, parce que sa dureté ne l’a jamais rendu sympathique aux yeux des autres, alors c’est en surmontant chaque ratés qu’Austeen est devenue un chirurgien réputée, bien qu’elle a encore l’honnêteté d’admettre ne pas faire partie des meilleurs. Elle a tout fait toute seule. Toujours. Alors sans doute que l’idée, la simple supposition, qu’Arryns puisse se trouver être le parfait coéquipiers, à panser ses défauts de ses qualités - celles mêmes que Frances lui reproche -, cela la rend malade. Parce que même si elle se borne, il est évident que depuis que ce résident est dans son service, quelque chose à changer et Frances déteste le changement, autant qu’elle le redoute. « Et vous aussi raisonnable que vous êtes borné. » Elle arque un sourcil, comme pour marquer ses mots, haussant les épaules, appuyant sur ce besoin qu’elle a de toujours la ramener, pour lui faire saisir qu’elle n’est pas femme à se laisser marcher sur les pieds, ni même à donner l’espoir d’avoir l’emprise sur l’autre. Pas parce qu’il est un homme et elle une femme, loin d’elle ces idées de pseudo-féministes qui défendent leur droit en se montrant aussi ‘imposante’ ou chiante que les hommes, puisqu’elle serait surement aussi têtue si James était une résidente. Simplement parce que Frances a un tempérament fort, dont elle est le plus souvent victime, incapable de savoir quand il faut mettre un terme à une confrontation, obligée de toujours renchérir, de gueuler plus fort. Parce qu’au moins, pendant qu’elle s’égosille, ou s’agace, elle ne réfléchit pas. Ne fais pas le point et, surtout, ne perd pas son temps à s’interroger sur la légitimité de son attitude, de ces airs faussement supérieurs qui semblent émaner d’elle quand elle s’en prend à Arryns, en public ou non bien qu’elle ait au moins à coeur de lui envoyer ses piques à l’abri des oreilles indiscrètes. Frances ne se croit en aucun cas en état de domination, ni parce qu’on la dit très bonne dans son domaine et encore moins parce qu’elle a un statut supérieur au sien.. C’est même plutôt le contraire; elle lutte en permanence contre ce sentiment d’insécurité, ce besoin de toujours remettre sa place en question, de s’obliger à aller au-delà, constamment.. De s’affirmer et de défendre sa place par une réputation en béton armé parce qu’au fond, Frances, elle n’a que ça; son travail et sa notoriété. Les deux seules choses dans lesquelles elle se montre plus qu’à la hauteur, la chirurgie étant la seule chose qu’elle comprend.
C’est sans doute pourquoi elle s’insurge toujours, en se méprenant sur les propos du jeune homme. Alors quand il se défend, Frances ne l’écoute pas, du moins elle s’en donne l’air, levant la main devant elle pour lui faire comprendre qu’il parle dans le vide, ou presque. C’est comme ça, depuis le premier jour, elle a ce besoin pathologique de critiquer sa manière de fonctionner, d’aller contre lui et d’élever le ton, même lorsqu’ils sont, finalement, du même avis mais qu’ils prennent des tournures différentes pour l’exprimer.. Capable de saisir qu’ils défendent le même point que si une tierce personne le leur signifie, ou s’ils finissent essouffler, à court d’arguments.
Et c’est ce qu’elle fait, souffler, quand elle accepte quelque chose qu’elle avait, de toute manière, déjà l’intention de faire avant même qu’il ne mette l’idée sur le tapis. Ils auraient eu un gain de temps considérable, sans doute, si Frances avait eu la facilité dans ses qualités, mais il faut toujours qu’elle complique les choses. Qu’elle les déforme ou qu’elle se donne des airs déroutants. Le menton un peu baissé, son regard se relève et se pose sur James, se contentant d’afficher un air neutre, une lueur faussement surprise dans ses yeux bleus qui le toisent un peu. L’accalmie n’est que de courte durée, parce qu’elle rétorque aussitôt, un peu durement que « vous n’avez pas à me remercier, ça fait parti de mes obligations.. » Ce même si l’échange avec les familles n’a jamais été de celles dans lesquelles elle excellait. Annoncer un décès à des proches, de ce « mes condoléances »  qu’on leur apprend à servir et derrière lequel se cacher pour mettre de la distance, c’est plus ou moins simple. Ça ne demande pas plus que quelques minutes de silence faussement compatissant et puis on passe à autre chose.. Mais s’insinuer dans la vie intime d’une femme, qu’elle ne connait pas, dans l’optique de guérir son fils.. Rien que d’y penser, un frisson d’horreur lui chatouille la colonne vertébrale. Ça l’occupe suffisamment, de retenir son sursaut nerveux, pour ne pas lui répondre et lui offrir un instant de répit pour remettre ses idées en place et parvenir à se souvenir, de comprendre pourquoi un sentiment étrange d’avoir oubli quelque chose la prenait alors qu’elle quittait l’hôpital.
« Tant mieux, parce que je ne vous en ferai pas. » Bornée, elle lève le nez en l’air, évite son regard et fait la moue en l’entendant rire. Encore quelque chose qu’elle pourrait lui reprocher; il rit trop. Ça l’horripile, probablement parce que la plupart du temps elle n’arrive pas à comprendre le déclencheur de cette hilarité commune.. parce que si encore il riait seul, mais il lui faut parfois pousser le bouchon et faire rire les gosses du service. « Non ça ira, je prefere le taxi, qu’elle lui balance de cet air bizarre, comme si elle lui faisait une fleur. Je veux juste.. Rentrer chez moi, ses lèvres se pincent mais son air en dit long. Ça nous évitera un nouvel esclandre.. » Sourire narquois au coin des lèvres, elle accepte enfin de retirer la lanière de son sac de son épaule sciée, un soupir presque libérateur qu’elle ravale. « Vous devriez songer à déménager, d’ailleurs. » L’art de balancer des énormités qui tombent comme un cheveu sur la soupe de son incohérence. Faut dire aussi que jusqu'à ce qu'elle réalise qu'ils sont quasiment voisins, elle vivait mieux..

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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyDim 29 Nov - 23:20

C’est une discussion sans fin. Frances Austeen avait beau avoir envie de rentrer chez elle, elle ne laisse pas Arryns s’en tirer à si bon compte. Si elle a fatalement reconnu une erreur un peu plus tôt elle semble vouloir lui faire comprendre qu’elle le connait mieux que personne, sauf qu’elle est bien loin de maitriser toutes les facettes de James aussi bien que ce qu’il ne connait pas le quart de la vie de la titulaire. James n’est pas seulement ce gars jovial et perfectionniste qu’il laisse transparaitre, c’est aussi un garçon qui n’a jamais fait d’histoires mais qui a aussi souffert. Il n’aime pas s’exposer, pas même que ce qu’il aime raconter ce qu’il a vécu. Aussi, peu de gens peuvent se targuer de connaitre Arryns sur le bout des doigts. Même ses sœurs ne sont pas au courant de tous ses secrets. Parce que sa fonction première au sein de leur famille, c’est d’être à l’écoute et de veiller sur ses cadets. S’il est borné, comme elle le dit, c’est parce que James Arryns a des convictions et qu’il s’y tient. Jamais il ne commettra un acte en lequel il ne croit pas profondément. Il s’est construit de ses erreurs jusqu’à un certain point : une erreur du moment qu’elle n’est pas considérée comme une faute ne lui porte pas préjudice. Une faute peut en revanche le mettre à mal et bouleverser tous ses acquis. C’est pour ça qu’il s’entête pour éviter le doute et les fautes commises. Mais pour l’expliquer, il faudrait remonter dans le temps et retrouver James à un âge où l’innocence est légion et où l’enfant a pris la décision de protéger son égo en se construisant une identité comme carapace. Mais en aucun cas il ne laissera l’enfant qu’il était ressurgir pour expliquer son comportement adulte. Ca n’aurait pas de sens aux yeux des gens qui ne le connaissent ni d’Eve ni d’Adam. James n’a aucun problème de confiance en lui, il n’est pas arrogant pour autant, mais moins il en dit sur lui, mieux il se porte. Encore une fois, la réplique du docteur titulaire ne l’affecte pas le moins du monde. Il préfère le prendre à la légère, presque en rire. « Merci, je prends ça comme un compliment ! » S’enquit-il fièrement. Il est du genre raisonnable, il ne prend pas de risques inconsidérés, mais quand il s’agit d’enfants, il ne peut pas laisser la raison s’exprimer, parce qu’il s’agit d’un problème personnel qui le ramène irrémédiablement à son vécu. Il ne peut oublier Kieran, malgré le peu de jours qu’il a passés sur terre. Cet enfant était le sien et le restera. Lorsqu’il parlera d’avoir un enfant, ça ne sera pas son premier, et il aura toujours l’estomac noué les premières semaines, craignant que le pire ne se reproduise. Chaque perte dans son service titillera sa mémoire et le mettra à mal, il le sait. Mais il a envie de se dire qu’il peut par la même occasion partager la souffrance que son fils a supporté en venant au monde et en subissant la volonté de Dieu. Mieux vaut ne pas parler de cet événement à sa famille, ils le verraient comme un mauvais présage. Quand il pense à Jesse, il pense aussi à ses parents : à la douleur qu’ils ressentiraient si on venait à leur enlever leur enfant qui lui est bien plus âgé que Kieran, et quand Frances parle d’obligations, James préfère parler de devoir. Il ne s’agit pas d’une contrainte, il le fait pour que les autres n’aient pas à subir ce qu’il a vécu cinq ans auparavant. Il se tait un instant. La titulaire n’accepte pas ses remerciements, mais peu importe, elle est comme ça la chirurgienne. Froide, peu expressive, dans son monde. Mais c’est peut-être ce qui la rend unique. Elle diffère des autres parce qu’au fond, elle fait sensiblement la même chose que les autres : elle offre la possibilité aux gens de vivre un peu plus longtemps, de repousser les limites de la maladie. Mais elle le fait d’une manière différente, sans émotion ou presque, sans la moindre expression sur le visage. Si la raison échappe à Arryns, il ne cherche pas à pousser plus loin pour autant. Certaines choses doivent rester secrètes. Ce qui l’intrigue en revanche, c’est l’évolution dans le comportement qu’elle adopte avec lui. Elle fuit son regard, son poil se hérisse à la moindre de ses réactions positives ou non, et s’il l’agace, il ne comprend pas car il sait que ça n’a rien à voir avec le boulot. Le comportement des femmes autour de lui, le déroute. Il ne sait jamais quoi penser ni quoi faire pour qu’on ne vienne pas à le prendre en grippe. Il a beau se remettre en question, avec Frances, il est face à une impasse, lui qui excelle pourtant en équations sans solution. « Le contraire m’aurait étonné, venant de vous. » Lâche-t-il avec désinvolture. Quant à sa proposition, elle la refuse, comme il aurait pu le penser. Elle préfère le taxi, alors il met la main dans la poche interne de sa veste, mettant la main sur son portefeuille et en extirpant deux billets de vingt dollars, où Andrew Jackson trône fièrement, et les lui tend. « Comme vous voulez. Mais ça vous fera repayer le taxi demain matin, alors prenez de l’avance. » Il ne sait pas pourquoi il a effectué ce geste, et il ne se dit même pas qu’elle pourrait mal le prendre. Il ne réalise pas. Pour lui, puisque le problème vient de sa personne, il cherche à le régler en lui prouvant qu’il peut être quelqu’un de bien aussi. Comme s’il avait quelque chose à lui prouver. Elle a l’air gênée et désabusée, alors il cesse de sourire, conscient qu’il l’agace, mais il ne peut pas s’empêcher de plaisanter une dernière fois, non sans être prévenant : « Assurez-vous quand même d’avoir vos clés pour chez vous. » Car si elle a oublié ses clés de voiture, il y a de grandes chances que les autres soient accrochées avec. Il est prêt à lui offrir sa chambre et se déplacer sur le canapé pour la nuit, ça ne lui changera pas de la garde. La chirurgienne semble persuadée qu’elle évite de nouvelles chamailleries, définitivement persuadée qu’ils ne peuvent s’entendre et lui balance une drôle de suggestion qui laisse James pantois. Il fronce les sourcils, pensif, et s’étonne : « Pour quel motif ? J’aime l’endroit où je vis ! » Ce n’est pas Versailles, mais son domicile lui plait. Si elle veut déménager, qu’elle le fasse. A sa guise.

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MessageSujet: Re: do you have no soul? (frances)   do you have no soul?  (frances) EmptyLun 30 Nov - 12:22

Le problème de Frances, c’est cette volonté d’avoir le dernier mot, de mettre la dernière pièce au sommet de la tour, peu importe si elle se mord la queue, se contredit et que les fondations ne sont pas suffisamment stable pour supporter le poids de son acharnement. Y a même plus une once de cohérence entre ce qu’elle tient spécifiquement à dire et le ramassis de conneries, de mensonges éhontés, qui s’échappent de ses lèvres qu’elle ferait mieux de garder pincées. Elle ignore volontairement ce besoin pathologique d’aller à l’encontre de l’opinion, des décisions, du résident, persuadée que c’est simplement parce qu’il s’agit là de son unique manière de marquer leur différence; elle est la supérieure, son avis pèse dans la balance, qu’il l’accepte ou non et elle a besoin qu’on l’entende. Oh qu’elle a besoin qu’on l’entende, ce même si elle préfère le silence, la majeure partie du temps, au son de sa propre voix. Alors pourquoi ce désir ardent de remettre continuellement James à sa place ? Pour appuyer sa réputation de castratrice, sans doute. Histoire de donner de la matière aux ragots des autres, de ces gens aux oreilles baladeuses qui aiment voir des choses qui ne sont pas, qui n’ont pas lieu d’être. Parce que si elle ne réagit pas, Frances entend tout et, surtout, Lenyn lui en dit beaucoup en prime. Ça lui fait grincer les dents, mais la chirurgienne s’ennuierait probablement s’il n’y avait pas tous ces bruits de couloir; comme quoi, elle se targue d’être unique, pourtant elle n’est pas aussi différente que les autres. Elle n’a pas le monopole de l’originalité, la preuve étant qu’elle n’est pas la seule à se faire gentiment renommer Frigide.. C’est ce qui doit la mettre d’aussi mauvais poil. Ou juste le fait que dernièrement la pauvre titulaire n’arrive plus à gérer ce qui se passe autour d’elle; l’arrivée de ses cousines dans l’hôpital, ce lieu qu’elle croyait posséder, qui était son repère.. Voilà qu’il est prit d’assaut par une branche de cette famille maudite, par une partie de cette ADN qu’elle possède et dont elle ignore tout, dont elle ne veut rien savoir finalement. C’est agiter, sous son nez, tout ce dont elle a manqué et qui, jusqu’ici, ne l’avait pas forcément alarmé. Elle vivait bien, jusqu’à ce que les Van Der Bilt débarquent. Jusqu’à ce qu’Arryns ne se spécialise dans son service et lui secoue sa pseudo-perfection sous les yeux. Qu’ils aillent tous au diable, Frances retrouverait sa solitude et sa hargne bien assez vite, suffirait de s’entraîner à envoyer James sur les roses. Si elle n’a pas le privilège d’être unique et différente, elle a au moins celui d’être une emmerdeuse et une tête de mule. « Et bien au moins, voilà une chose qui ne vous décevra pas. » Elle lève le nez en l’air, faussement fière, faussement supérieure. Frances n’a que ça, face au géant. Sa fierté qui gonfle sa poitrine et lui arrache des rougeurs, de colère, sur les pommettes. Elle pourrait lui prendre son argent et se tirer comme ça, mais Frances n’est pas assez tordue pour ce genre de bêtise, elle se contente de frapper la main qu’il tend, les doigts qui emprisonnent des billets. « Non mais vous êtes pas bien. Vous m’avez prise pour quoi ? Vous savez ce que vous pouvez faire de votre argent ? » Fébrile, agacée et même presque outrée, Frances replace ses mains dans ses poches, puis son sac avant de le dévisager froidement. « Vous me prenez pour une incapable ! Allez vous faire voir. Et oui, j’ai mes clés, je ne suis pas encore Alzheimer! » On pourrait avoir des doutes. Elle replace la lanière de son sac sur son épaule, dans des gestes hasardeux et fiévreux de colère, droite à nouveau, comme si on venait de la piquer d’une dose de royauté, le port de tête princier. D’un pas énergique, Frances lui tourne déjà le dos, s’éloignant vers la rue pour appeler un taxi, agitant une main dans le vide en beuglant comme une truie qu’on égorge que « parce que je dois déjà supporter votre tête d’ahuri au travail, je n’ai pas envie d’avoir à la supporter quand je tonds ma pelouse! » Et oui, c’est bien un majeur qu’elle lève, alors qu’elle tourne à l’angle de la rue.

#muchend #veryfinish
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