i'm glow in the dark. / bran.

Pour une fois, Bran n'est pas de garde ce soir et ses mères ont accepté de s'occuper de Lily pour la soirée. Comme à chaque fois qu'il l'a laisse avec d'autres personnes, sa fille a bien tenté par les tous les moyens de le faire rester, mais Bran a fini par se laisser convaincre par ses mères que tout se passerait bien. Cette soirée est essentielle à son équilibre, une soirée qu'entre adultes où il n'a pas à se soucier de savoir s'il articule suffisamment pour qu'on puisse lire sur ses lèvres ou d'avoir à cesser tout ce qu'il fait pour être en mesure de communiquer avec sa fille via le langage des signes. Il l'aime plus que tout au monde, mais il a besoin de sa soirée, celle où il n'est pas un père, mais un homme de trente ans comme un autre. C'est pour ça qu'il se trouve accouder à une table du Blackbird, établissement où il a ses habitudes. Son verre de whisky devant lui, il est plutôt occupé à draguer la jeune femme qui se trouve être assise en face de lui. Elle est plutôt jolie, mais pas de quoi lui faire perdre la tête pour autant, en clair elle est exactement ce qui lui faut. Une option simple, sans danger, tout le contraire de Kyra qui ne cesse de faire des apparitions dans ses pensées depuis leur dernière confrontation. Les minutes passent et son intérêt pour la jeune femme en face de lui ne fait que diminuer. « Une nouvelle ? Je pars deux secondes, et je te retrouve avec une autre femme. ». Aussitôt, il lève la tête pour apercevoir Kyra et il ne peut empêcher un sourire narquois de venir se glisser sur son visage, simplement parce qu'il trouve toujours aussi amusant de la voir devenir jalouse. En plus de ça, il doit bien avouer qu'il n'est pas mécontent de voir déguerpir l'autre jeune femme sans qu'il n'ait besoin de faire quoi que ce soit. Pourtant, son sourire s'estompe vite, se rappelant pourquoi il était en colère contre elle. Il préfère se concentrer sur son verre de whisky sans la regarder. « Je t'ai vu aujourd'hui, tu ne m'as même pas adressée un regard. Ça ne te plaît plus de me détester ? ». Bran lève les yeux au ciel, son regard bleu azur se posant sur le visage de Kyra. Il aimerait pouvoir se baffer en sentant son cœur s'accélérer quelques peu comme un adolescent, il ne peut pas se le permettre. « Désolé de te décevoir, mais t'es pas le centre de l'univers. J'ai mieux à faire que d'entretenir ton ego. ». Il reprend une longue gorgée de son verre, sentant l'alcool lui brûlait l'intérieur de la gorge. Heureusement qu'il est habitué à porter un masque à longueur de temps au boulot, car il avait bien passé son temps à ignorer Kyra et à se faire violence pour ne pas regarder dans sa direction. « D'ailleurs, je suppose que je dois te remercier de pas avoir parlé de ma fille à tout l'hôpital. Avec ta grande bouche j'avais un peu peur... ». Lui qui d'habitude se foutait complètement des ragots de couloirs, s'était surpris à écouter les conversations pour être certain qu'il n'était pas le nouveau sujet de commérages.

Cela aurait été trop beau qu'elle lui facilite la tâche, mais il aurait dû s'en douter, ce n'était pas vraiment son style. Après tout le mal qu'il s'était donné pour l'esquiver, la voilà qui se retrouvait en face de lui avec ses yeux scrutateurs. Il avait la mauvaise impression d'être épié, comme si elle essayait de comprendre quelque chose sur lui. Il aurait de loin préférer être au boulot, prétendre de devoir aller prendre les vitales d'un patient pour l'esquiver, sauf qu'ici il ne pouvait pas lui servir d'excuses bidons. Impuissant, il observe son sourire, cherchant désespérément la phrase qui pourrait réussir à la désarmer. « Pourquoi avoir peur que tout le monde le sache ? ». Bran hausse les épaules, n'ayant aucune envie de se lancer dans des explications interminables avec elle. Il était interne lorsque sa fille était née et il n'avait pas voulu obtenir de passe-droit ou qu'on le traite différemment à cause de sa paternité. Il n'avait jamais ressenti le besoin de dévoiler sa vie privée au travail, ses quelques amis proches connaissaient l'existence de sa fille. « D'ailleurs, tu n'es pas avec elle ? Sa mère la garde ? ». Il espérait bêtement que face à son silence elle arrêterait de poser des questions. Sa mâchoire flanche à la mention de son ancienne femme, cette conversation prenait une tournure beaucoup trop personnelle à son goût. De nouveau, il porte son verre à ses lèvres, se rendant compte que celui-ci est désormais vide. Si elle continuait sur ce rythme, il risquait fort de finir bourré plus tôt que prévu. « Ça te regarde pas. ». Il laisse échapper une réponse, la mâchoire serrée, espérant naïvement qu'elle cessera ainsi ses questions. « Tu sais que si je veux le savoir, je peux. ». Cette fois, Bran lui adresse un regard noir, le même qu'il lui avait lancé lors de leur dernière conversation. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle faisait une telle fixation sur lui et sa vie privée, au point d'être capable d'aller mener l'enquête dans l'hôpital. Elle venait tout simplement de lui faire savoir qu'elle avait les moyens de faire tomber toutes les barrières qu'il s'était efforcé à forger depuis plusieurs années et il était flippé à cette idée. Inconsciemment, sa main se resserre de plus en plus fort sur son verre vide, tellement qu'il réalise soudain qu'il pourrait exploser à chaque seconde. « Tu es divorcée peut-être ? Et c'est elle qui a eu la garde. ». C'était trop, surtout la mention de sa femme. Ce n'était pas de sa faute si sa femme avait disparu sans laisser de traces, s'il n'avait jamais eu l'occasion de signer les papiers du divorce, mais la seule sur laquelle il pouvait déverser sa colère était devant lui. « Oui voilà, je suis un père en carton, tellement mauvais que j'ai pas la garde de ma fille, c'est ça que tu veux entendre ? ». Le venin est présent dans sa voix, touché en plein cœur par le sujet de la conversation. Même s'il le niais à ses proches, une part de lui espérait toujours que sa femme finisse par se pointer, pas pour lui, il serait incapable de lui pardonner, mais pour sa fille. Il avait beau être un super papa, il ne pourrait jamais remplacer une mère, de ça il en était douloureusement conscient. « Stu veux me faire parler, il va te falloir beaucoup plus d'alcool ! ». Avec une lueur de défi dans le regard, il pousse son verre vide dans la direction de Kyra.

Il aimerait pouvoir dire que le contact de sa main sur la sienne l'a totalement laissé indifférent, mais ce n'est pas le cas, il en vient même à regretter la disparition de celui-ci. Même énervé contre elle, elle réussissait à lui faire ressentir des choses qu'il s'interdisait d'habitude. « Ah, je te préfère ainsi. Mais je comptais faire fonctionner mon charme. ». Elle ne semble pas décider à vouloir lui payer un verre, mais ce n'est pas pour autant qu'il allait se laisser dicter sa conduite. Si elle croyait pouvoir tout contrôler, elle était mal tombée avec lui. Surtout qu'elle lui donnait l'impression d'être un enfant qui fait un gros caprice et qui veut tout obtenir tout de suite, comme si tout lui était dû. Pendant quelques secondes, il la toise du regard, attendant qu'elle cède, puis fini par pousser sa chaise pour aller se chercher lui-même un verre. « On est jamais mieux servi que par soi-même je suppose... ». Après ses quelques mots, il se détourne de la jeune femme pour foncer droit vers le bar où le barman s'occupe plutôt rapidement lui, être un habitué a ses avantages. Ce temps loin d'elle lui laisse l'opportunité de se reprendre quelque peu, car il avait été pas mal déstabilisé avec l'arrivée de la jeune femme, il n'aimait pas ne pas avoir le contrôle sur leurs échanges. Prenant une grande inspiration, il retourne calmement vers sa table pour se rasseoir, il était là en premier, alors pas question que ce soit lui qui bouge. Sans même prendre une seule gorgée dans son verre, il braque son regard sur le visage de Kyra, dégainant son sourire charmeur qui plaît tant aux femmes. « On en était où déjà ? Ah oui, tu voulais que je t'explique comment on fait les bébés. ». Il est plutôt fier de lui sur le coup, il serait prêt à raconter n'importe quoi pour éloigner la discussion de sa vie privée, puis flirter avec Kyra n'était pas forcément désagréable. Même s'il le niait et qu'il affirmait la détester, il y avait toujours eu quelque chose entre eux, une attirance irrépressible. Elle l'amusait beaucoup et il ne se lassait pas de ce petit jeu entre eux, tant qu'elle ne venait pas titiller sa vie privée bien entendu. « À moins que tu préfères un cours pratique ? ». Il lui adresse un clin d'œil suggestif ne laissant aucun doute sur ce qu'il est en train de proposer. C'était peut-être ça la solution pour lui, coucher avec elle et son attirance disparaîtrait comme par enchantement. Comme toutes ces femmes à qui il ne trouvait plus aucun intérêt après être passées dans son lit.