▪ be delicate with my ego.

i miss you when the lights go out
it illuminates all of my doubts
pull me in, hold me tight
don't let go, baby give me light

Ross n'était pas quelqu'un de nerveux. La boule au ventre, les mains moites, il ne connaissait pas. Dans un métier comme le sien, il était nécessaire de garder son sang-froid, surtout lorsque l'on venait de passer plusieurs mois dans un camp de réfugiés, où la panique pouvait vous gagner facilement.

Et pourtant, alors qu'il se tenait face à Menphis Wave, il était prit d'un étrange sentiment. Inquiet, oui. Il connaissait ses lieux par coeur et pourtant, quelque chose le retenait sur le parvis devant l'entrée. Soupirant, Ross attrapa son sac à dos qu'il venait de poser sur le sol sec de la Californie avant de pénétrer dans le hall d'entrée saluant d'un signe de la tête les agents de sécurité qu'il connaissait et qu'il avait vu pour la dernière fois il y a six mois. Six mois étaient passés depuis qu'il les avait croisé pour la dernière fois. Six mois qu'il n'avait pas foulé le sol du hall de l'hôpital dans lequel il avait travaillé pendant plusieurs années. Lentement, le trentenaire monta les escaliers qui menaient jusqu'aux vestiaires des résidents qui se situaient au deuxième étage, et offrit des sourires et autres signes de la main à ses collègues qu'il croisait: infirmières, autres résidents, quelques internes. Tout le monde semblait être ravi de le retrouver, mais cela ne serait peut-être pas le cas d'une certaine personne. Il cacha sa nervosité à l'idée de la retrouver en souriant, racontant rapidement quelques anecdotes de son expérience à quelques kilomètres de la frontière syrienne, une expérience qu'il n'était pas prêt d'oublier de si tôt. Il continua d'avancer dans les longs couloirs de l'hôpital, prenant de nouveau ses repères (avec facilité) dans un lieu qu'il connaissait comme sa poche. Prenant une profonde inspiration, il poussa la porte des vestiaires et salua les quelques résidents présents qu'il connaissait bien. Des accolades chaleureuses qui lui firent chaud au coeur. Ross en profita pour ouvrir son ancien casier, pour déposer son sac et observa un instant le stéthoscope qui s'y trouvait. Le même depuis le début de son internat et celui qu'il avait laissé suite à son départ précipité. Un mince sourire se dessina sur son visage avant qu'il ne l'attrape et se retourne précipitamment et ne prenne dans ses bras un camarade. « Je suis content de te revoir aussi. » dit Ross en lui tapant dans le dos amicalement. Il se récula avant de retirer sa veste puis son pull, profitant de l'absence de la plupart des résidents bien qu'il n'était pas pudique.

La porte des vestiaires s'ouvrit brutalement, et Ross se retourna pour croiser le regard de Johan, ou plutôt du Docteur Lachlan, le chef de service en charge de la traumatologie. Le coeur de Ross se mit à battre plus rapidement, alors qu'il recouvrait son torse nu du haut de son uniforme de résident, au couleur bleu. Le vestiaire se vida rapidement, et seul Ross resta présent, le regard rivé sur Johan. « Hey. » dit-il simplement, alors que le regard perçant de Johan se faisait de plus en plus insistant. Pas un sourire, rien. « Vous êtes en retard, Docteur Dewitt. » répliqua t-il entre ses dents. Ross baissa les yeux pour regarder sa montre et constata qu'il avait bien une minute de retard sur l'heure à laquelle il était censé débuté sa garde. « Désolé, je vais - » « Prenez tout votre temps, ce n'est pas comme si l'on devait sauver des vies. » ajouta Johan, sèchement. Ross se retourna et leva les yeux au ciel, bien qu'il méritait le comportement de son interlocuteur. « Johan, écoute - » « C'est Docteur Lachlan, pour vous, Docteur Dewitt. » fit-il couper, plutôt froidement. « Dispensaire pour vous. J'ai entendu dire qu'il y avait des touchers rectaux à faire. » ajouta Johan, en souriant. Ross se retourna:« Les internes ne sont pas là pour ça? » plaisanta Ross, avant de voir le sourire disparaitre du visage de Johan. Il était donc sérieux. « Bien, Docteur Lachlan. » dit-il poliment, en prenant sur lui.

Non, son retour ne serait peut-être pas aussi facile qu'il ne l'espérait.