sweet paradise. (june)

longue journée, épuisante journée. tu quittes ton service, il est tout juste vingt-trois heures. tu n'en peux plus. le vent frappe contre tes joues lorsqu'enfin tu passes les portes automatiques de l'hôpital. tu lèves tes yeux au ciel, les étoiles scintillent. beau spectacle, reposant. de ta veste en daim, tu retires ton paquet de cigarettes. t'en porte une à tes lèvres et tu l'allumes. douce récompense après deux opérations plus ou moins réussies et une intervention en urgence. rythme éreintant, rythme épuisant. mais tu l'aimes, cette adrénaline qui te maintient sous carburant toute la journée. levé à six heures, tu ne te coucheras certainement pas avant l'aube. tu t'en moques bien, demain, tu es de repos, sauf cas d'urgence. alors tu avances d'un pas, puis d'un second. tu tuerais pour une voiture mais tu t'y refuses. t'as les moyens d'en acheter une, mais conduire ici n'est pas conseillé et tu vois trop d'accidents tous les jours pour t'y risquer. alors t'attends, sur le bas côté. tu attends qu'un taxi se pointe et tu lèves ton bras. clope éteinte, au coin des lèvres, tu l'écrases sous ton pied avant d'indiquer ton adresse. sur le dossier, tu laisses ton visage se reposer. tu repenses à ta journée, au réconfort qu'une bonne douche t'apportera et au sommeil qui t'attend. tu souris en coin. ta vie est épanouissante, malgré quelques mauvais angles, la route que tu empruntes est celle qui t'étais destinée. tu déverrouilles ton téléphone portable, tu lis les quelques messages qu'il t'a envoyés. tu souris d'avantage. et puis, tu y réponds, machinalement. ce soir, tu ne le retrouveras pas. tu as besoin de dormir et tu sais qu'en sa compagnie, le repos est loin d'être une priorité. alors tu l'éconduis, mais il ne le prend pas mal. un simple coeur te convainc qu'il t'aime encore, malgré les journées d'absences et la fatigue accumulée. tu claques ta langue contre ton palais, nerveusement, lorsque les réverbères t'indiquent que tu es presque à destination. le coeur léger, tu règles la course, laisses un pourboire et affrontes le froid pour gravir le perron de ton immeuble. en levant les yeux, rapidement, tu constates qu'une lumière est allumée et que tu n'es pas le seul à revenir si tard de l'hôpital. ça te rassure, alors, lentement, tu empruntes le chemin jusqu'à ton appartement. et quand enfin l'ascenseur te dépose à ton étage, tu remercies le ciel de t'avoir donné suffisamment de force pour atteindre ton palier. tu y essuies les pieds, tu ouvres la porte et tu la laisses claquer derrière toi. le manteau dans l'entrée, les chaussures également, tu rejoins le salon pour y retrouver june, devant la télé. tu souris "encore réveillée ?" tu glisses à son attention avant de déposer un furtif baiser contre sa tempe. tu t'éloignes ensuite pour rejoindre la cuisine où la machine à café semble t'appeler. tu déboutonnes ta chemise, ton pantalon. tu laisses tes muscles respirer tandis que la machine s'emballe. "je t'en prépare un, june ?" tu articules tandis que tu remues une cuillère dans ta tasse, machinalement.

Lorsque tu glissas tes clés dans la serrure de la porte de ton appartement, tu sentis aussitôt tes muscles se détendre. Tu venais de terminer une garde dont tu te serais bien passée en cette période. Trop de stress te submergeait en ce moment. Tu avais du mal à gérer ce résident dont le nom te hantait : James. Pourquoi fallait-il qu'une personne te rappelle tous les jours l'erreur que tu avais commise il y a quelques années. Tu aurais dû faire plus pour cet enfant, tu le sais. Et même si ton entourage pensait que tu avais passé le cap, tu ne pouvais t'empêcher de t'en vouloir et surtout tu ne pouvais empêcher les cauchemars qui revenaient systématiquement toutes les nuits. Alors ce soir là tu dînas rapidement et te blottis sous ton plaid devant la télévision. Il était hors de question que tu essaies de dormir. Tu étais bien trop perturbée. Revoir cet arrogant médecin n'avait pas aidé non plus. Et pour une fois l'appartement était désert. Tu pouvais donc en profiter pour faire tout ce que tu voulais. Non cela ne veut pas dire que tu n'aimes pas tes colocs. En réalité ils sont peut être la meilleure chose qui te soit arrivée grâce à la médecine. Mais tu avais parfois besoin de te retrouver seule, sans leurs blagues et leurs inquiétudes permanentes. Tu souris en pensant à eux et monta le son de la télévision. Les Kardashians, voilà qui allait te divertir. À peine Khloé entamait sa première crise que tu entendis ton meilleur ami Mik rentrer. "encore réveillée ?" Tu souris à sa remarque. Vous en aviez passé des nuits blanches devant cet télé à vous endormir l'un avec l'autre. Mik c'était le frère que tu n'avais jamais eu, le plus proche de tes amis, celui à qui tu pouvais tout dire ou presque. Tu souris une seconde fois en sentant son baiser sur ta tempe. Il était définitivement ton petit miracle. « Comme si j'avais l'habitude de me coucher avant minuit. » plaisantas-tu. Tu le regardas se diriger vers la machine à café. "je t'en prépare un, june ?" Tu ne le comprenais pas. Comment pouvait-il encore enchaîner une dose ? Il ne fallait pas se mentir : vous les médecins vous enchaîniez le café comme une drogue pour vous aider à tenir. « Non il faudrait que j'arrive à trouver le sommeil à un moment je pense. » Tu lui fis un signe pour qu'il vienne s’asseoir à côté de toi et tu poses ta tête contre son épaule. Depuis quelques temps tu le sentais distant. Tu avais cette vague impression que quelque chose ne tournait pas rond. Et comme vous n'étiez que tous les deux ce soir, tu trouvais l'occasion parfaite pour le questionner. « Tout va bien toi ? »