TOPIC COMMUN N°2

TOPIC COMMUN N°2

L'hôpital était relativement calme aujourd'hui mais Jade commençait à s'y faire. Ces instants de tranquillité ne représentaient bien souvent que l'orage avant la tempête. A part cet avenir proche inévitable, la jeune fille se remettait petit à petit de ses blessures. Elle était encore très loin d'aller mieux mais des médecins lui avaient dit qu'il était important, si elle avait l'énergie et la force, de commencer à se réhabituer à la société. Dans un premier temps par les abords de sa chambre, puis un rapide tour du service. Il s'agissait à présent du grand jour. Tout le monde ne faisait que lui vanter les pâtisseries de la petite cafétéria vers le hall d'entrée de l'hôpital, non loin de la salle d'attente et des urgences.

Encore incapable de s'alimenter, l'enfant encore présent en elle, rêvait d'apercevoir et se délecter les yeux devant la vitrine colorée. Et c'est ainsi qu'elle avait pu, accompagnée d'un infirmier, rejoindre cette zone du Menphis Wave. Sa petite escapade de la journée si vous préférez. La voilà donc partie à l'aventure, dans un fauteuil roulant, à découvrir cette immense bâtisse.

Alors qu'elle regardait à en saliver des viennoiseries, Jade ressentit une sorte de mouvement ou alors d'agitation autour d'elle. Rien de perceptible, ni de visible à l’œil nu. Or les discussions se faisaient plus pressées, les indications entre les membres du personnel hâtives. Le mot finit par atteindre ses oreilles. Accident. Un très gros accident de la route et il y avait beaucoup de victimes. Ce n'était pas de la curiosité, ni une envie de voyeurisme. La jeune fille se sentait profondément touchée par le sort qui était en train d'arriver à ses gens. Alors quand elle entendu qu'un bus scolaire était impliqué, elle souhaita apporter sa contribution. Une maigre mais sincère aide en dépit de la fatigue de sa convalescence qui se faisait ressentir. Jade releva alors la tête en direction de l'infirmier. « J'aimerai tellement vous aider... » Sa voix faiblit à la fin de sa phrase, honteuse. Qui voudrait la prendre au sérieux, elle, la gamine qui est arrivée à l'hôpital il y a quelques jours? La victime d'une fusillade de quartier où bien trop de personnes la prennent pitié en découvrant la raison de ses blessures. Oui, comment pourrait-elle aider alors qu'elle n'a pas encore atteint l'âge du lycée et qu'elle reste malgré tout, blessée au plus profond de sa chair, vacillant aléatoirement entre la vie et la mort.

Cet infirmier faisait partit des gentils. Ceux qui ne vous rejettent pas ou ne vous lancent un regard méprisant juste parce que vous ne semblez pas avoir la légitimité pour intervenir. Il se voulait compréhensif, conciliant mais aussi désolé pour Jade. Car les faits étaient là, une patiente n'avait rien à faire aux urgences. Surtout lors d'une activité pareille. « S'il y a beaucoup de blessés alors vous allez être très occupés. Si il y a des enfants où c'est pas grave et qu'ils doivent attendre... Je pourrai rester avec eux non? »

Situation d'urgence. Tous les urgentistes couraient dans tous les sens et pour cause en vue du carambolage. Tout le monde était en état d'alerte et Lenyn avait vite fait de quitter le service pédiatrie pour rejoindre ses collègues, aux aguets pour l'arrivée des premières victimes. Arrivé dans le hall, Lenyn constata la panique ambiante, l'accident devait être bien grave, heureusement, le personnel était rôdé. Ce genre d'accidents n'était pas rare à San Francisco. Quelques blessés légers passaient la porte mais on leur demandait d'ores et déjà d'attendre en vue des trauma' qui se dirigeaient certainement vers l'hôpital à l'heure actuelle. Finalement, Lenyn dirigea son regard vers les grandes portes, inspirant un grand coup, prêt à épauler l'équipe. Après quelques secondes de pause pour collecter ses pensées, il capta la présence de Jade, une des patientes du service qu'il appréciait particulièrement. Bien entendu, elle semblait impuissante face à la situation, Lenyn la rassura d'un sourire. "Ca ira, tu verras... Tu peux aider à ton échelle en soutenant les blessés... On fera du mieux qu'on pourra, c'sûr." Il était stressé lui aussi mais il n'en disait rien. Après tout ce qu'il avait vécu, ce n'était qu'une épreuve de plus dans le tas d'obstacles auxquels il avait dû faire face. "Je t'y autorise... Fais attention à ne pas gêner les docteurs par contre et reste dans les zones protégés, tu sais que tu es encore faible... J'voudrais pas que ta situation s'aggrave maintenant..." Lenyn serait toujours inquiet pour ses patients mais sur le moment, il n'avait que peu de temps pour s'y attarder. Déjà, des blessés arrivaient.

La nouvelle était tombée rapidement, les informations de la télévisions crachaient sur toutes les chaînes l'effroyable accident qui venait de se dérouler sur le Golden Gate Bridge. Il observait alors les premières images filmées de l'accident, des voitures immobilisées, défoncées et les cris des victimes. William se trouvait dans la salle de repos quand il reçut l'ordre de se rendre aux urgences pour apporter soins et assistances aux blessés qui allaient bientôt arriver en masse. Son bipeur commença à vibrer dans sa poche sans ne plus s'arrêter tandis qu'il envoyait deux internes s'occuper de ses patients et qu'il partait en courant direction les urgences. Il sentait l'adrénaline monter en lui, le cœur battant et la peur au ventre. En poussant les portes, il fût un instant décontenancé par les premiers arrivés et la foule de blouses blanches qui s'empressaient de sauver des vies. Horizons pleurantes, il resta un instant immobile puis se jeta dans la foule pour apporter son aide. Dans ce genre de moment il ne fallait pas réfléchir, juste être concentré et réactif. Il se fit rapidement alpaguer par une infirmière qui avait besoin d'aide auprès d'une femme blessée à la jambe. Les grands traumas n'étaient pas encore arrivés, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il se retrouve au bloc. Pour le moment il se contentait d'aider au mieux les urgentistes et le personnel en essayant de faire de la place pour ceux qui étaient en route. « Emmenez cette patiente au dispensaire, ainsi que ceux qui nécessitent pas de soins d'urgences ... Il faut faire de la place pour ceux qui vont arriver. Pareil pour les blocs, assurez-vous qu'ils soient libre, on va bientôt être débordés ... »  Ordonna William à l'infirmière qui s’exécutait, il fallait être méthodique et organisé pour s'en sortir face à cette situation. Le chirurgien posa alors son regard sur le docteur Delacroix qui était en compagnie d'un infirmier et d'une jeune patiente en fauteuil. Un signe de la tête pour elle, il n'avait pas le temps de faire la discussion, détournant le regard pour se remettre au travail en attendant que l'horreur arrive aux portes du Menphis Wave ... Il entendait déjà les ambulances hurler à l'extérieur, prêt à donner son maximum pour sauver des vies, comme tous les jours.

Il sirotait son café, profitant de la première heure de sa seule journée libre de la semaine dans un petit café non loin de l'hôpital, lorsque la nouvelle tomba. D'abord annoncée au milieu d'un flot continu d'informations lâchées dans le bandeau au bas de l'écran, elle fut rapidement relayée par la présentatrice, qui semblait aussi surprise que confuse. Où, quand, comment, ça n'avait pas d'importance et Al n'attendit pas d'avoir les détails. Il descendit les dernières gorgées de son café encore brûlant en un temps record, ce dont sa langue se serait sans doute bien passée, et traversa de nouveau la rue à grands pas. Tant pis pour les quelques heures de sommeil qu'il devait récupérer aujourd'hui, ce n'était définitivement plus au programme. A en croire la journaliste qu'il avait sommairement écouté, aucune estimation des victimes n'avait été faite mais face aux images, il n'était pas nécessaire d'avoir fait quinze ans d'études pour comprendre que c'était loin d'être un petit accident. Al n'était pas au mieux de sa forme mais il pouvait aider et il était hors de question qu'il rentre tranquillement chez lui s'il pouvait se rendre utile au boulot. Dieu merci il n'aurait pas à repasser par les vestiaires – comme quoi, la flemmardise payait, parfois. « Emmenez cette patiente au dispensaire, ainsi que ceux qui nécessitent pas de soins d'urgences... Il faut faire de la place pour ceux qui vont arriver. Pareil pour les blocs, assurez-vous qu'ils soient libre, on va bientôt être débordés... » entendit-il en arrivant. Ce n'était pas McCawley – d'ailleurs où était-il ? – mais ce n'était pas le moment de gamberger, ni d'être tatillon. Et il était à peu près sûr d'avoir déjà croisé ce type, ici ou ailleurs dans l'hôpital. Ils avaient besoin de tout le monde après tout, ou du moins c'était ce que laissait sous-entendre le code affiché par son bipeur qui vibrait à sa ceinture. Il l'éteignit avant de demander, sans interlocuteur particulier : « est-ce qu'on a des informations, un contact avec les équipes sur le terrain ? » Probablement pas, mais c'était toujours bon à savoir. Quitte à nager dans le flou, autant être certain de ne pas avoir d'autres alternatives and all that shit.

TOPIC COMMUN N°2

La patiente n'avait strictement rien à faire aussi proche des urgences surtout avec la future arrivée de dizaines d'ambulances. De nombreuses équipes médicales avaient été déployées sur les lieux de l'accident, l'hôpital était donc pour le moment relativement calme. Jade exprima son inquiétude à l'infirmier qui l'accompagnait. Il se voulut rassurant et très compréhensif. « Ça ira, tu verras... Tu peux aider à ton échelle en soutenant les blessés... On fera du mieux qu'on pourra, c'sûr. » Cette réponse lui redonna du baume au cœur. Le simple fait de lui dire qu'elle n'était pas totalement inutile lui redonna de la force. Constamment à la recherche de quelque chose à faire, cette journée pourrait lui occuper et lui vider l'esprit. « Je t'y autorise... Fais attention à ne pas gêner les docteurs par contre et reste dans les zones protégés, tu sais que tu es encore faible... J'voudrais pas que ta situation s'aggrave maintenant... » C'était inattendu mais Lenyn venait de l'autoriser à passer du temps si jamais de jeunes victimes arrivaient. Bien entendu, en tant que bon professionnel il lui donna des recommandations. Jade voulait aider mais il ne fallait pas qu'elle devienne un poids pour les équipes de soins. « Promis Lenyn! Merci! » Lui dit-elle un grand sourire aux lèvres.

La Petterson s’apprêtait à attendre dans un coin plus tranquille, pour ne pas bloquer le passage lorsqu'une résidente arriva. N'importe qui aurait du mal à différencier les titulaires des résidents et des internes mais Jade avait appris avec le temps à reconnaître leurs badges respectifs. C'est donc une femme qui s'approcha d'elle et s'agenouilla pour être à sa hauteur. « Tu vas bien ? » Elle voulut lui répondre que tout allait très bien de son côté mais elle ne comprit l'erreur de la résidente que lorsque celle-ci se releva et s'exclama. « Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement s'il vous plait ?Je ne suis au courant de rien, ma saloperie de biper est mort. » La jeune fille voulut rire mais elle retourna vite à la réalité, la situation n'avait rien de drôle. Elle voyait bien que la femme s'adressait à Lenyn, elle les laissa donc parler entre adultes. Elle en profita pour jeter un coup d’œil aux environs. C'est ainsi qu'elle aperçu l'arrivée de nombreux médecins d'un peu partout. Certains venaient de l'extérieur, d'autre des ascenseurs. La fourmilière commençait à se mettre action. C'est alors que les premières sirènes des ambulances retentirent au loin.