▪ build walls cage your heart.

Les âmes vivantes de l’hôpital fourmillent sans cesse en aller et retour. Des visages qui défilent jour après jour mais sur lesquels tu t'attardes car ils sont attachants, courageux et empreint d'un espoir qui semble tant manquer à certains. Le service pédiatrique est plutôt calme à cette heure si matinale de l ajournée, mais tu avais préférée changé ton horaire afin d'aller chercher toi-même ton petit bonhomme à l'école ce soir. Une activité professionnelle sans repos, mais tu avais toujours su maintenu un équilibre certain avec ta vie privée, le bien être de ton fils primant sur tout le reste de ton existence. Et puis à la veille d'un week end si court, tu comptais bien profité de cette journée et demi – à venir de congé – avant de reprendre dimanche dans l'après-midi. Rien qu'à cette idée, tu hausses les sourcils ramené très rapidement à la réalité par la voix rageuse de Sam qui donne un coup de pied dans le distributeur de la machine à café. « Pourquoi tu t'énerves après cette pauvre machine ?! Reste zen Sammy, c'est le secret du bonheur ! ». Lui dis-tu en rigolant bon enfant tout en appuyant légèrement contre la machine. Elle te considère de son regard des mauvais jour avant de secouer la tête pour mêler son rire au sien. « Évite de me sortir la chansonnette de la musique de Peter Pan, je te vois venir ! ». Tu avais l'habitude de pousser la chansonnette, des refrains pour gamins allant aux classiques d'hier à aujourd'hui. Une habitude que tu avais toujours eue, comme un moyen  de prendre tes marques, de rendre ton entourage à l'aise ou tout simplement une manière innée d'être toi-même. « Non plus sincèrement, c'est quoi qui te met dans cet état ? Tu semblais plutôt sur ressort hier ... ». Tu avais toujours connue ta camarade prendre le bon coté des choses, amuser la galerie pour voiler des soucis plus profonds que cela mais sa colère ne coïncidait pas réellement avec ce qu'elle pouvait être au quotidien. Elle soupire avant de donner un énième coup de pied dans la machine faisant ainsi tombé le gobelet en plastique et son contenu. Tu détestais ces boissons chaudes, elles avaient peu de goûts et rien que l'odeur était peu satisfaisantes. « Rien de bien passionnant je t'assure … Parle plutôt de mon filleul comme il va ? ». Autant dire clairement qu'elle a évitée le sujet. Sam où comment détourner une question par une autre question. Tu laisses passer en feignant de n'avoir rien remarqué, alors que vous marchez côte à côte en direction du comptoir principal du service. Sam avait toujours été très présente auprès de Paul, prenant son rôle de marraine très au sérieux, allant même parfois jusqu'à trop le gâter. Entre River et elle, il avait de quoi houspiller quelques fois. Tu lui fais alors par des dernières nouvelles et de l'avancer de son asthme qui a pris un peu d'ampleur qui semble s'apaiser avec son nouveau traitement. « Tu lui feras un bisou de ma part, en ce moment c'est vraiment infernal mais je prendrai le temps de passer ... ». Les bavardages de groupies des jeunes internes mettent un point d'honneur à couper votre conversation, ce qui ne manque pas d'échapper à ton amie. « Il suffit qu'un nouveau résident arrive et c'est le pot de miel attirant les abeilles est de nouveau ouvert ! ». Dit-elle comme mi ironique mi lasse tout en regardant les jeunes recrues batifoler niaisement comme des papillons. Tu ricanes  tout en attrapant le calepin de tes rendez-vous du matin, lorsqu'on t'interpelle. « Caitriona. ». Un timbre et une intonation que tu ne pouvais que reconnaître même après plus de cinq années. Une voix qui résonne encore au rythme de souvenirs qui ont été les vôtres. Des vestiges forgés et vécus mais tout cela tu l'avais mis de coté. Tu te retournes pour le regarder d'une expression calme qui ne cache nullement une certaine distance et rancune. Il te dévisage presque avec gêne tout en s'approchant de toi non sans avoir remarquer les étincelles mécontentes de ta meilleure amie. Tu hoches la tête pour lui intimer que cela irait, les yeux de Milo toujours rivés sur les tiens. Les choses s'expliquaient mieux désormais, le nouveau titulaire c'était lui. Décidément, la vie ne finirait jamais de te jouer des tours. « Je ne m'attendais pas à te recroiser ici … ». Si son sourire apparaît comme spontané et chaleureux, tu peines à oublier les pas avancés du passé c'est plus fort que toi même en dépit de ta bonne volonté. « Le monde est petit comme on dit et puis je ne suis jamais partie. Re bienvenue au bercail alors. ». Une intonation aussi plate que des œufs en neige qui retombent. Tu marches en direction de l’assesseur, Milo sur tes talons. «  Cait … de l'eau à coulé sous les ponts, tu ne crois pas qu'on devrait avancer ? ». Tu esquisses un rire amer et narquois à la fois. « En vérité, on a plus rien à se dire. Tu m'excuses, j'ai des patients à voir. ». Tu montes dans l’assesseur, les portes de ce dernier se refermant sur le visage confus de celui qui autrefois avait été une partie de toi-même.